13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 09:54

Sir Douglas Quintet - MendocinoSir Douglas Quintet -
Mendocino

(Mercury 1969)

 

Lorsqu'en 1964, les groupes de rock anglais ont pris d'assaut les classements des ventes de disques aux USA, les journalistes ont parlé de British Invasion. Le terme paraît approprié : Beatles, Rolling Stones, Gerry & The Pacemakers, Kinks, Herman Hermits, Animals et consors ont au plus fort de la déferlante trusté la plupart des 30 premières places des charts (les Beatles reussissant même la performance inouïe d'avoir 5 morceaux en tête). Si ce mouvement musical eut pour conséquence immédiate de pousser des milliers de jeunes américains à jouer d'un instrument et à former un groupe, les businessmen comprirent rapidement qu'un marché juteux se présentait à eux. De nombreux groupes furent signés par des maisons de disques qui s'empressèrent de manipuler ces jeunes gens crédules.

 

C'est ainsi que le jeune groupe texan mené par le chanteur Doug Sahm et son acolyte Augie Meyers aux claviers se fit attribuer le nom résolument anglophile de Sir Douglas Quintet par le producteur Huey Meaux. Dès 1965, le groupe – plus versé dans la musique cajun et la country que l'essentiel des groupes garage de la même époque compilés sur les compilations Nuggets – enregistra ses premiers singles, dont le fameux "She's About A Mover" qui entra dans le top 20. Meaux, désireux de capitaliser sur le succès du groupe, sortit rapidement un album intitulé opportunément (et assez étrangement à vrai dire) The Best Of The Sir Douglas Quintet et poussa le groupe sur les routes.

 

En 1966, au retour d'une tournée européenne, Doug Sahm se fit arrêter en possession de marijuana, ce qui l'incita, comme nombre de jeunes gens à l'époque à s'installer à San Francisco. Sur place il monta un nouveau groupe qui enregistra en 1968 l'album Sir Douglas Quintet + 2 = Honkey Blues, avec une armée de session men et de nombreux cuivres pour un résultat plutôt décevant, assez éloigné des racines tex-mex du groupe. Devant l'échec de cet album, Sahm entreprit alors de rapatrier à San Francisco le line-up originel du Sir Douglas Quintet et d'enregistrer – voire de réenregistrer – des nouveaux morceaux pour publier le véritable premier album du groupe.

 

Mendocino, sorti en 1969, prouve avant tout que Sir Douglas Quintet était fait pour jouer des ballades qui se démarquent des horreurs du genre par leur sobriété et leur classe. Le clavier d'Augie Meyers et la voix chaleureuse de Doug Sahm sont les deux armes principales de Sir Douglas Quintet que le groupe utilise à merveille ("At The Crossroads", "And It Didn't Even Bring Me Down"). Dans cet exercice, le morceau-titre fait mouche, grâce notamment à cet omniprésent clavier qui répond au refrain (fait amusant : à chaque solo de Meyers, le chanteur Doug Sahm envoie un "Right on Augie !").

 

Sur Mendocino, Sir Douglas Quintet s'oriente vers des thèmes bucoliques inspirés de la country la plus sage. On trouve dans l'album de nombreuses incursions country 100% assumées ("I Wanna Be Your Mama Again" et son ambiance de saloon, "Lawd, I'm Just A Country Boy", "Texas Me" et ses violons). Pas complètement déconnecté du monde extérieur, Sir Douglas Quintet sait aussi jouer une pop psychédélique planante dans la lignée de ce qui se faisait à San Francisco à l'époque ("I Don't Want") et du blues-rock électrique à la Creedence ("Oh, Baby, It Just Don't Matter"), ce qui ne rend l'album que plus riche encore.

 

Les moments qu'on préfère dans l'album sont néanmoins ceux où Augie Meyers joue de son style primesautier très piano-bar et envoie le meilleur son de clavier du monde avec son Vox Continental. On en aperçoit des bribes sur "If You Really Want Me To I'll Go" et sur le morceau culte de l'album revisité pour l'occasion, le fabuleux "She's About A Mover", un des plus grands morceaux garage-rock des années soixante. Un mix efficace de R'n'B façon Ray Charles (dont Sahm imite les intonations à merveille) et de hillbilly (pour la rythmique cavalière), porté par la bonhommie d'Augie Meyers. Le morceau se termine par un des solos de guitare les plus incompétents qui soient. On adore.

 

Mendocino est un album méconnu car il n'appartient vraiment à aucun des grands mouvements musicaux de l'époque. Ni assez teigneux pour les amateurs de garage, ni assez psychédélique pour les hippies, c'est un mélange de rock, country et de musique cajun qui ne verse pas dans les solos bluesy démonstratifs typiques de l'époque Woodstock. Simple, délicat, superbement écrit et interprété, cet album démontre que Sir Douglas Quintet était plus qu'un groupe de deuxième division. Son successeur, Together After Five est tout aussi enthousiasmant, et met encore plus le clavier d'Augie Meyers à l'honneur. On le recommande tout aussi chaudement.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. Mendocino *
2. I Don't Want *
3. I Wanna Be Your Mama Again
4. At The Crossroads *
5. If You Really Want Me To I'll Go
6. And It Didn't Even Bring Me Down
7. Lawd I'm Just A Country Boy In This Great Big Freaky City
8. She's About A Mover *
9. Texas Me
10. Oh, Baby, It Just Don't Matter

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Mendocino"

 

"She's About A Mover" (en 1965)

 

 

 

 

Vinyle :

 

Sir Douglas Quintet - Mendocino

 

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 05:17

The Warlocks - Shake The Dope OutThe Warlocks -
Shake The Dope Out

(Mute 2003)

 

Lorsque sortit fin 2002 le fabuleux album Phoenix qui les fit sortir de l'anonymat, The Warlocks n'étaient pas un jeune groupe arrivant frais sur le marché. Avec ses membres issus de divers groupes de la côte ouest (le gens aiment citer The Brian Jonestown Massacre, où le chanteur Bobby Hecksher a fait ses premières armes), le septuor avait déjà enregistré deux EP et un album, en grande partie grâce à l'activiste Greg Shaw de Bomp! Records.

 

Signés mondialement par Mute à une époque où toutes les majors cherchaient à surfer sur la vague d'un "retour du rock" éphémère, le groupe dut se plier aux exigences de son label qui désirait vendre ses morceaux de façon classique. Phoenix  fut ainsi distribué mondialement en juin 2003 (avec une pochette et un tracklisting différents) et le groupe fut prié de sortir un single pour le promouvoir. Le choix se porta alors sur un des morceaux les plus mélodiques de l'album, la magnifique "Shake The Dope Out" avec ses relents de Velvet Underground et son refrain pop promouvant joyeusement la consommation d'opiacées.

 

En face B, le label choisit de puiser parmi les archives du groupe en accolant "Caveman Rock", un morceau datant du premier EP éponyme du groupe en 2000. Un titre heavy et trippant typique du son des Warlocks de l'époque avec son mur de guitares, son riff lancinant et ses voix distordues. Un complément idéal à "Shake The Dope Out" sur ce 45 tours, car on peut ainsi apprécier les deux facettes du groupe, à la fois pop sixties et space-rock, délicat et puissant. Une schizophrénie à l'image des Warlocks, qui n'ont que rarement sonné aussi bien que sur ces deux faces.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

A : "Shake The Dope Out"

B : "Caveman Rock"

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Shake The Dope Out"

 

"Caveman Rock"

 

 

 

 

Vinyle :

 

The Warlocks - Shake The Dope Out

 

The Warlocks - Shake The Dope Out

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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 06:48

The Fresh & Onlys - August In My Mind

The Fresh & Onlys -

August In My Mind
(Captured Tracks; 2010)

 

    La crise d’hyperactivité du groupe emmené par Tim Cohen se poursuit : The Fresh & Onlys, qui ont annoncé un album pour les prochaines semaines, viennent de livrer ce fantastique EP, qui propose six nouveaux morceaux. A l’approche de l’été, August in my mind se présente comme le compagnon idéale d’une douce rêverie rock’n’roll. Dès les premières mesures de « Diamond in the dark », l’auditeur retrouve le son hypnotique qui a fait la renommée d’une grande partie du rock de la côte Ouest des Etats-Unis.

 

    Le groupe a déjà fait ses preuves pour ce qui est de composer de belles mélodies ; sur l’ensemble de cet EP, il faut mettre en évidence l’importance énorme de la section rythmique : sur « Dreaming is easy », elle rappelle celle de « Black Coffin », le  morceau d’ouverture de Grey-Eyed Girls, alors que celle de « You’re known to wander » est parfaite de maîtrise : rapide sur la première partie, elle réduit le tempo avec brio pour laisser la place à un pont très réussi.

 

   Côté chant, Cohen continue de s’affirmer : la nonchalance est toujours au rendez-vous (« Dreaming is easy » ; « Garbage collector »), mais sa voix montre de plus en plus de variété et de qualités, auxquelles les chœurs et l’écho ajoutent un aspect vaporeux : sur la chanson-titre, la parenté avec les Doors et donc avec Jim Morrison se fait évidente.

 

    The Fresh & Onlys poursuivent leur chemin en combinant productivité et talent : ce qui semble être pour le groupe la nécessité de produire des chansons et de les enregistrer immédiatement se traduit pour les amateurs de rock comme un grand bonheur, et l’impression de se trouver devant un véritable filon.

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Diamond in the dark *
  2. Dreaming is easy
  3. You’re known to wander
  4. August in my mind *
  5. Garbage collector
  6. Save your soul

Le MySpace du groupe :www.myspace.com/thefreshonlys

 

 

 

Vidéo :

 

"Diamond In The Darl" (live)

 

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

The Fresh & Onlys - August On My Mind

 

 

 

 

 

 

The Fresh & Onlys : tous les disques chroniqués sur PlanetGong

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 08:41

MGMT - Congratulations

MGMT

Congratulations
(Columbia 2010)

 

Oui, on sait, cet album est sorti depuis plusieurs mois, merci. "A quoi bon en parler aujourd'hui alors que le buzz entourant sa sortie s'est évaporé ?", nous direz-vous. "Pour cette raison-même", vous répondra-t-on. Pas envie de participer à la course, de céder à la précipitation et de vouloir être les premiers à en parler à tout prix. C'est vain, et en général ça n'apporte que mauvaise littérature. Même Gala a parlé de Congratulations, c’est dire…Quel intérêt alors d'être le 300e site à parler d'un album (à moins d'avoir un point de vue franchement original) ? Aucun, sauf de livrer notre sentiment une fois la hype évaporée, à froid, et de saluer la qualité de ce disque.

 

Bon, pour être 100% honnête, on vous avouera qu'on n'était pas spécialement impatients de la sortie d'un deuxième album de MGMT, d'où notre peu de réactivité à sa sortie (d'autant que sa pochette nous a tétanisé d'effroi). Même s'il était plaisant par intermittence, Oracular Spectacular nous avait paru indigeste par sa production boursouflée, on était quand même un peu suspicieux de l'accueil critique délirant réservé au duo. Cette fois-ci la presse a été moins laudative, parlant parfois de semi-échec (ou semi-réussite, ça dépend de quel point de vue de vue on se place), le reproche principal étant que Congratulations état trop aventureux et ne contenait pas de vrai tube dans la veine de “Time To Pretend” ou “Kids”.

 

Cette analyse nous convient – l’album est en effet très aventureux – mais notre conclusion diffère : on préfère MGMT débarrassé des scies de dancefloor qui polluaient leur premier album.  Après le succès de son premier album, le groupe s'est trouvé devant le choix de satisfaire un public toujours plus grand. Plutôt que de tenter de reproduire la formule qui lui avait valu ses tubes fluorescents, le duo a pris l’option louable de s’adjoindre comme producteur un des plus grands malades de la planète psychédélique (Pete “Sonic Boom” Kember des redoutables Spacemen 3) et de partir dans la direction d’une pop lysergique difficile d’accès. Pas de quoi crier au suicide commercial, mais assez pour s'attirer notre sympathie.

 

Bien sûr, Congratulations n’est pas parfait. Plusieurs morceaux brassent de l’air et le groupe, parfois en manque de mélodies, a recours à des vieilles formules pour flatter l’oreille de l’auditeur (le falsetto de "Someone's Missing" nous ramène en territoire familier) et multiplie les effets sonores pour faire décoller ses morceaux (on pense ici à une pistes telles que “I Found A Whistle” que le groupe enrichit d’un theremin). Ceci mis à part, le groupe propose une collection de morceaux souvent enthousiasmants, parfois dérangeants, mais qui ne laissent jamais de marbre, à l’image de l’ouverture “It's Working” qui flirte avec le mauvais goût mais reste toujours intrigant, que ce soit dans ses percussions africaines, son clavecin ou ses chœurs compressés à la Queen. Dans une veine différente, "Song For Dan Treacy" (qui rend hommage au leader des Television Personalities, autre adepte du name-dropping) propose un solo de clavier avec un son évoquant les jeux vidéo des années 80 et une mélodie en forme de nursery rhyme qui sort tout droit des années 60 psychédéliques. Ce morceau, tout comme l’excellente “Brian Eno”, démontre que MGMT est à l’aise avec les morceaux rapides, dans un genre difficilement identifiable. Space-pop ? Bubblegum-punk ? Ou tout simplement Glam cosmique? Si le duo cite Eno, c’est surtout à Roxy Music qu’on pense en écoutant ces morceaux délicieusement barrés. “Virginia Plain” n’est pas loin.

 

C’est dans ce registre de l’expérimentation sonore que MGMT impressionne le plus. Deux morceaux illustrent le génie du groupe dans ce domaine : "Flash Delirium" et le très discuté “Siberian Breaks”. Le premier est LE grand titre de cet album. Servi par une vidéo fantastique – qu’il est impossible de dissocier du morceau après visionnage –, “Flash Delirium” possède une mélodie limpide centrée autour d’une ligne de basse insistante, et monte en intensité jusqu’à son final explosif. Un chef d'œuvre de pop bizarroïde à la Todd Rundgren que le groupe a sorti en single pour son grand retour. Pas sûr que les radios généralistes aient su quoi faire de ce truc quand elles l’ont entendu la première fois. Pas sûr que l’UMP l’utilisera lors d’un meeting...

 

Encore plus destructuré, “Siberian Breaks” est un mini-opéra en plusieurs mouvements qui commence comme une ballade sucrée puis vire en pop psychédélique légère avant d’explorer divers genres (rock planant, pop eighties). Pendant les douze minutes que dure le morceau, le groupe ne se dépare jamais d’une certaine légèreté, ce qui rend le morceau étonnamment digeste. Loin des symphonies tape à l'œil de Muse, MGMT montre qu’on peut tenter des choses audacieuses sans pour autant sombrer dans la caricature.

 

Que doit-on retenir de cet album ? D’abord que MGMT apparaît comme un groupe audacieux. Chris Martin, qui a refait plusieurs fois le même disque (en moins bien) après la bonne surprise que fut A Rush Of Blood To The Head peut prendre note : on peut être populaire et créatif. En choisissant de prendre son public à rebrousse-poil, MGMT réussit à convaincre sur un album entier (ce qui n’était pas gagné au départ). Certains esprits chafouins regrettent l’absence de “tubes” ou même de “vraies chansons”, on ne sait trop quoi leur répondre, si ce n’est de se repasser “Flash Delirium”. et d'arrêter de raisonner selon cette logique (a-t-on déjà reproché aux Liars de ne pas avoir de tubes ?). Plus équilibré que son prédécesseur, Congratulations est un excellent album, à ranger à côté du récent Embryonic des Flaming Lips dans le rayon indie-rock cosmique. Loin du feu de paille attendu, MGMT semble être là pour durer. Une bonne surprise.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. It’s Working
2. Song For Dan Treacy *
3. Someone’s Missing
4. Flash Delirium *
5. I Found A Whistle
6. Siberian Breaks *
7. Brian Eno *
8. Lady Dada’s Nightmare
9. Congratulations

 

L'album est en écoute intégrale sur le site de MGMT

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Flash Delirium"

 

"It's Working"

 

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

L'album est un double vinyle, comme pour le cd il est possible de gratter la pochette pour faire apparaître une autre image.

MGMT - Congratulations

 

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 09:46

Thee Oh Sees - Warm Slime Thee Oh Sees -

Warm Slime
(In the Red ; 2010)

 

    Warm Slime est le troisième album officiel sorti en moins de deux ans pour Thee Oh Sees, groupe américain originaire de San Francisco, après Help et Dog Poison. Le défi que semblent s’être lancé une bonne partie des groupes rock de cette ville connaît donc un nouveau rebondissement avec cette album à la pochette inquiétante.

 

    Le disque commence par un morceau de bravoure de plus de treize minutes, soit près de la moitié de la durée totale de l’album. Le chant dissonant et les accords criards des guitares sont tenus à flot par une ligne de basse monumentale. Le morceau s’échappe ensuite en des incantations chantées en falsetto, avant le retour de la section rythmique. « Warm Slime » annonce assez clairement les intentions du groupe, de façon originale et totalement libérée. « I Was Denied » est en revanche une piste garage classique, où l’on retrouve les ingrédients déjà souvent utilisés par le groupe sur ses précédents disques : quelques notes de guitare pour lancer le morceau, le chant assuré à plusieurs, des riffs tranchants ici et là, et une accélération pour le refrain. The Oh Sees déroulent leur musique avec une facilité déconcertante. 

 

    Accélération notable sur « Castiatic Tackle » (la quatrième piste du disque), ainsi que sur la dernière, « MT Work », chœurs et guitares abrutissantes sur « Flash Bats »… Les ruptures de rythme et les influences psychédéliques sont légion, notamment sur « Everything Went Black », qui se révèle un morceau assez indescriptible, puisqu’il propose en à peine plus de trois minutes un chant volontairement bancal, des distorsions instrumentales diverses, une frappe de batterie martiale et un solo planant à mi-parcours. 

 

    Thee Oh Sees et leurs collègues de San Francisco sont, à l’image d’une nouvelle scène indépendante, en train de créer une nouvelle façon de vivre leur musique : ils enregistrent sans cesse et publient autant de musique que possible, sur tous les formats possibles. Warm Slime a été enregistré en live sur un huit-pistes par Chris Woodhouse, avec la participation (à la guitare) de Mike Donovan des Sic Alps. Ce mode de production permet de pouvoir rapidement constater le niveau réel des groupes : à ce titre-là, Thee Oh Sees n’ont pas de souci à se faire ; ce Warm Slime est excellent.

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Warm Slime *
  2. I was denied
  3. Everything went black *
  4. Castiatic Tackle
  5. Flash Bats
  6. Mega Feast
  7. MT Work *

Le MySpace du groupe : www.myspace.com/ohsees

 

 

 

 

Vidéos :

 

"I Was Denied"

 

 

 

 

Vinyle :

 

Le vinyle est transparent avec des taches oranges, un bel objet.

 

Thee Oh Sees - Warm Slime

 

 

 

 

 

 

Thee Oh Sees : tous les disques chroniqués sur PlanetGong

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 08:39

Harlem - Hippies

Harlem -
Hippies

(Matador 2010)

 

Deuxième album du groupe après l'excellent Free Drugs ;-) paru en 2008, Hippies marque une étape importante pour les texans d'Harlem. Signé sur Matador – label de Jay Reatard, Pavement, The Fall – depuis 2009, le trio d'Austin était attendu au tournant : ont-ils les épaules assez solides pour imposer leur rock garage minimaliste dans un des labels majeurs de la scène indépendante ? Sont-ils capables de garder cette fraicheur qui fait leur charme ?

 

En seize morceaux inspirés, Hippies démontre que nul n'était besoin de s'inquiéter. En fait, on s'en veut presque d'avoir douté un moment, car c'est un des albums qui a le plus tourné sur notre platine en 2010, un chef d'œuvre de rock garage lo-fi gavé de mélodies immédiates et de refrains inspirés. Pourquoi un tel engouement ? Parce que Harlem ne trichent pas. Leur formule, simple, est immuable : un trio batterie/basse/guitare qui s'appuie sur des rythmiques surf, des lignes de basse tournoyantes et un guitariste minimaliste qui se contente pour l'essentiel de ne jouer que les accords des chansons. Aucun charisme, aucune voix, mais un sens mélodique hors du commun.

 

Hippies est un véritable déferlement de chansons mieux écrites les unes que les autres : la bluette "Someday Soon, avec son texte ironique et son irrésistible refrain, le surf 50s déglingué de "Number One", "Spray Paint" et sa ligne de basse gagnante, la pop indé délicate de "Cloud Pleaser"… L'album est long de 16 morceaux mais aucun d'entre eux n'est à jeter. Au milieu de ce festival de tubes garage, un morceau frappe par sa perfection, "Gay Human Bones". Titre idiot, riff gagnant à la "Where's My Mind", et mélodie fantastique : on s'étonne à siffloter fréquemment le refrain nonsensique de ce morceau à tout moment de la journée. "My basketball team's name is Gay Human Bones, we win most of the games that we play at home, on a rarement entendu morceau aussi con et accrocheur. Génial.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. Someday Soon *

2. Friendly Ghost *

3. Spray Paint *

4. Number Onegang.png

5. Be Your Baby

6. Gay Human Bones *

7. Torture Me

8. Cloud Pleaser *

9. Faces *

10. Tila and I *

11. Three Legged Dog

12. Prairie My Heart

13. Scare You

14. Stripper Sunset

15. Pissed *

16. Poolside *

 

Harlem sur Myspace : www.myspace.com/harlemduh

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Gay Human Bones"

 

"Friendy Ghost"

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

Harlem - Hippies

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 06:17

BabyShambles - Killamangiro

BabyShambles -
Killamangiro

(Rough Trade 2004)

Groupe bancal créé à l'origine en 2003 comme un side-project de Pete Doherty intermittent chez les Libertines, BabyShambles a mis un certain temps à être pris au sérieux par la critique comme par les fans.

 

Si le succès du single "For Lovers" avec Wolfman puis la sortie de The Libertines fin août 2004, incitait à penser que Pete Doherty s'éloignait peu à peu de son groupe de toujours, ce n'est que fin 2004, que Doherty, écarté des Libertines une nouvelle fois, décida de se consacrer uniquement à BabyShambles. Alors qu'en octobre la tristounette "What Became Of The Likely Lads" montrait les Libertines en fin de course, Doherty, plus inspiré que jamais, sortit le fantastique doublé "Killamangiro"/"The Man Who Came To Stay" qui demeure sans doute ce que BabyShambles a fait de mieux à ce jour.

 

Deux pépites punk teintées de new wave où, une fois n'est pas coutume, la face B surpasse la face A. Le cadavre des Libertines bougeait encore à l'époque, ces 5 minutes de rock'n'roll finirent de l'achever.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

A : Killamangiro
B : The Man Who Came To Stay *

 

 

 

Vidéos :

 

"Killamangiro"

 

"The Man Who Came To Stay"

 

 

 

 

Vinyle :

 

BabyShambles - Killamangiro

 

BabyShambles - Killamangiro

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 05:46

Tame Impala - Innerspeaker

Tame Impala -
Innerspeaker

(Modular ; 2010)

 

Après un EP remarqué sorti en 2008 (Tame Impala, déjà sorti par Modular), le trio australien emmené par Kevin Parker livre enfin son premier album. Le groupe avait réalisé un véritable tour de force avec cet EP, recueil dynamique de morceaux pop inspirés marqués par un souffle psychédélique. Tame Impala semble avoir pris son temps dans le but de publier un album parfaitement contrôlé. Si l’on considère l’écriture, la maîtrise instrumentale et celles des moyens de production, il faut reconnaître que ce pari est parfaitement réussi : ce groupe est déjà parfaitement rodé à la composition et à la réalisation de chansons.

 

Cependant, cette maturation relativement longue a également un effet un peu négatif : le groupe semble s’être déjà sensiblement éloigné de l’approche qui était la sienne pour les morceaux de leur EP. Le tempo est généralement plus lent, et la musique paraît moins dense et immédiate que sur Tame Impala EP : ce disque ne possède pas de morceau aussi fort que « Half glass full of wine », sur lequel le couple basse/batterie apportait une dynamique infaillible. « Runaway houses city clouds » est une piste symptomatique de ce changement : lorsque Tame Impala délaisse un peu les aspects pop et heavy-psych de ses chansons, il a tendance à se lancer dans de longues compositions psychédéliques qui, lorsqu’elles ne sont pas soutenues par une base rythmique forte, se révèlent malheureusement sans grand intérêt.

 

Les morceaux de cet album sont relativement longs : Parker aime bâtir les structures de ses morceaux en plusieurs étapes, et donner aux chansons du groupe des tempos différents. Innerspeaker montre que Parker n’est pas que le sosie vocal de John Lennon, mais qu’il possède aussi un talent d’écriture hors du commun… Le disque propose plusieurs fulgurances musicales évidentes, depuis la première chanson de l’album, « It is not meant to be » et son riff de guitare, jusqu’à la dernière « I don’t really mind » et son break de batterie d’une parfaite simplicité. La nouvelle version de « Desire be desire go », les chansons « Lucidity », « Bold Arrow of time »  ou les envolées de « Jeremy’s Storm » et de « Expectations » sont autant de moments à faire pâlir d’envie la plupart des groupes contemporains, et font de ce disque une des plus intéressantes sorties de l’année.  

 

Plus aérien que la plupart des précédents morceaux de Tame Impala, Innerspeaker présente une musique inspirée et originale, qui montre la voie à suivre à tous les groupes de rock influencés par la musique post-psychédélique.

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. It is not meant to be *

  2. Desire be desire go *

  3. Alter ego

  4. Lucidity *

  5. Make up your mind

  6. Solitude is bliss

  7. Jeremy’s Storm

  8. Expectations

  9. Bold arrow of time *

  10. Runaway houses city clouds

  11. I don’t really mind *

Le MySpace du groupe :www.myspace.com/tameimpala

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Solitude Is Bliss"

 

"Lucidity"

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

L'album est un double vinyle dans une pochette gatefold superbe.

Tame Impala - Innerspeaker

 

 

 

Tame Impala : tous les disques chroniqués sur PlanetGong

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 16:00

Kula Shaker - Pilgrim's Progress

Kula Shaker -
Pilgrim's Progress

(Rykodisc 2010)

 

Depuis sa résurrection inespérée en 2007 et la sortie du magnifique Strangefolk l'année suivante, Kula Shaker a opéré une mue saisissante. Ce groupe que certains magazines aimaient railler en raison de son affiliation britpop, de ses murs de guitares hermétiques et de ses obsessions indiennes – ce qui ne les empêchait pas de coller les frères Gallagher en une de leurs canards – fait partie des groupes anglais les plus passionnants à suivre aujourd'hui.

 

Dans Strangefolk, Crispian Mills démontrait un talent insoupçonné pour écrire des ballades folk envoutantes ("Die For Love", "Shadowlands"), tout en envoyant quelques titres échevelés de rock psychédélique à la sauce 1967 ("Second Sight"). Avec Pilgrim's Progress, Kula Shaker semble décidé à poursuivre le chemin d'une certaine sagesse, celui d'une pop psyché, souvent folk, parfois baroque, quelque part entre Traffic et Donovan.

 

La pochette représente la statue de Peter Pan dans les Kensington Gardens de Londres, ce qui indique que Kula Shaker semble se placer dans la veine des groupes psychédéliques anglais des années 60 qui puisaient leur inspiration dans la littérature enfantine de la période Victorienne (Beatles, Pink Floyd et consors ont abondamment cité Carroll, Barrie, Wells ou Lear). L’esthétique et les thématiques sont celles d’une certaine anglicité ("Ophélia évoque à la fois une pièce de Shakespeare et un tableau de Millais et cite des extraits de Tennyson, le titre de l’album est celui d'un classique de la littérature anglaise écrit par John Bunyan, sans même parler de Peter Pan...), un thème central qui trouve sans doute sa source dans l’exil que s’est imposé le groupe pour enregistrer l’album.

 

Alors que Crispian Mills a toujours été perçu comme le leader du groupe – qu’il est sans aucun doute étant donné qu’il chante les morceaux –, Pilgrim’s Progress doit beaucoup à l’investissement du bassiste Alonza Bevan qui a transformé sa maison en Belgique (au milieu des forêts ardennaises) en un studio d’enregistrement et y a produit l’album. Cet environnement champêtre est sans doute à l’origine du côté bucolique de la plupart des morceaux (les ballades folk “ Ophélia ” et “ Cavalry ”, la cavalcade country-rock de “ All Dressed Up (And Ready To Fall In Love) ”), le mal du pays ressenti par les musiciens a sans doute inspiré les thématiques anglocentriques.

 

Maîtrisé et doté d’un son riche mais délicat, Pilgrim’s Progress propose quelques pistes baroques superbement arrangées par Bevan telle que le single “ Peter Pan R.I.P. ” (qu’on croirait tiré de One Year de Colin Blunstone) et la superbe “ Ruby ”. Evidemment, comme c’est un album de Kula Shaker, on trouve forcément quelques morceaux planants sous influence indienne qui rebuteront certains (“ Only Love ” et ses tablas, “ Figure It Out ” seul morceau ici qui aurait pu figurer sur K, l’instrumental en forme de western bollywoodien “ When A Brave Needs A Maid ”) et une ou deux pistes dispensables (comme “ Modern Blues ”, mélange inutile de “ Sound Of Drums ” et de “ Virginia ” des Jeevas).

 

Le dernier morceau de l’album intitulé “ Winter’s Call ” est sans doute celui qui polarisera le plus l’opinion : après un début introspectif, le morceau part dans un final apocalyptique et à la dimension épique. On y trouve un passage en français surprenant (chanté par une jeune femme : "Papa a la poisse, il essaie par tous les moyens mais ne peut pas"), un orgue d'église pas spécialement subtil et un gros riff de guitare évoquant “ In The Flesh ? ” de Pink Floyd. La chanson , qui en fait relate la disparition du père d’Alonza Bevan, s’arrête alors qu’un vrai délire prog commençait à se mettre en place. On a connu Kula Shaker plus aventureux, mais on l'a aussi connu plus erratique : Pilgrim's Progress est un superbe album, une suite idéale au fabuleux Strangefolk.

 

 

 

 

Trackliting :

 

1. Peter Pan RIP *
2. Ophelia *
3. Modern Blues
4. Only Love
5. All Dressed Up *
6. Cavalry *
7. Ruby
8. Figure It Out
9. Barbara Ella *
10. When A Brave Meets A Maid
11. To Wait Till I Come *
12. Winters Call *


Le MySpace du groupe : www.myspace.com/kshaker

L'album est aussi en écoute sur Deezer

 

 

 


Vidéo :

 

"Peter Pan RIP"

 

 

 

 

Vinyle :

 

Kula Shaker - Pilgrim's Progress

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 13:23

The Fresh & Onlys - Vanishing Cream

The Fresh & Onlys
Vanishing Cream
Single 7"

(Plastic Spoon Records 2010)

 

Bien qu’hyperproductifs, les fabuleux Fresh & Onlys de San Francisco savent néanmoins prendre le temps de vivre. Ainsi, entre deux albums, dès qu’il en a la possibilité, le groupe de Tim Cohen s'isole et décompresse... en enregistrant des singles.

 

Le dernier en date nous vient du label parisien Plastic Spoon qui a eu l’idée lumineuse de publier deux morceaux inédits des Fresh & Onlys – et de tout un tas d’autres excellents groupes dont nous parlerons bientôt. La face A est un de ces morceaux dont Tim Cohen a le secret, une pépite garage-rock a la rythmique emballée et à la ligne de basse souveraine. Le chanteur barbu Tim Cohen s’y rêve en homme invisible grâce à une crème de disparition magique. C’est sans doute un des meilleurs morceaux des Fresh & Onlys de ces dernières années, et assurément un de nos coups de cœur de 2010.

 

Plus vaporeuse, la face B “Cloud 9”sert de contrepoint parfait à “Vanishing Cream”. C’est une ballade sombre que le groupe avait déjà publié dans une version lo-fi en 2009 sur la cassette en édition ultra-limitée intitulée Bomb Wombs. Ce truc étant introuvable (car épuisé depuis longtemps), la seule version disponible sur le marché demeure celle de ce single proche de la perfection.

 

 


Tracklisting :


A : “Vanishing Cream”
B : “Cloud 9 (Original Version)”

 

La site du label Plastic Spoon :http://plasticspoonsrecords.bigcartel.com/
Leur MySpace : www.myspace.com/plstcspoons

 

 

 

Vidéo :

 

"Vanishing Cream"

 

 

 

Vinyle :

 

The Fresh & Onlys - Vanishing Cream

 

The Fresh & Onlys - Vanishing Cream

 

 

 

 

 

The Fresh & Onlys : tous les disques chroniqués sur PlanetGong

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