Paris, La Maroquinerie, 11 avril 2008
La réputation scénique des Black Lips tient du mythe - on a lu ou entendu à divers endroits des histoires narrant leur dévouement total à la cause rock'n'roll (guitares brulées, nudité, vomi, sang et pisse sur scène...) - et il apparaît rapidement que le public venu ce soir est surexcité avant même la venue des artistes sur scène. Comme tout bon groupe garage qui se respecte - et qui vivote sur un petit label -, les Black Lips accordent et préparent leurs instruments eux-mêmes. Vision surréaliste : alors que le bassiste effectue des réglages, quelques fans enthousiastes envahissent la scène. Le ton est donné avant même la première note.
Même pendant les pauses censées permettre à tout le monde de respirer, comme les morceaux "Veni Vidi Vici" et "Hippie, Hippie Hourrah" (sur lequel le guitariste aux dents dorées avait décidé de ne pas réaccorder sa guitare), l'ambiance ne retombe pas. Pire, les invasions de scènes s'accélèrent au fur et à mesure du concert si bien que le final vire à l'anarchie totale et au concours de plongeons (de la scène vers le public, s'entend), ce qui poussera le chanteur/bassiste Jared Swilley (magnifique en polo rayé rouge et noir et avec une moustache digne de Billy Childish) à lacher "you guys are wilder than the Germans !".
Une soirée exceptionnelle qui confirme ce que la légende n'était pas un de ces nuages de hype. Les Black Lips sont aujourd'hui le groupe rock'n'roll le plus dément à voir en concert. Le simple fait que la salle était pleine à craquer en atteste : le bouche à oreille commence à faire son effet. Voir un tel enthousiasme généré par un groupe de rock garage aux influences sixties est un plaisir incommensurable.