18 février 2008
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22:27
The Dirtbombs –
We Have You Surrounded
(In The Red, 2008)
Disque le plus attendu de ce début d’année 2008, ce nouvel album des Dirtbombs est le premier LP du groupe depuis Dangerous Magical Noise (2003) – le double CD sorti en 2005 (If you don’t already have a look) étant une compilation de 45 tours. Depuis une quinzaine d’années, ce groupe de Detroit fait référence en matière de rock. Après de multiples changements, la formation semble s’être (définitivement ?) stabilisée ; le groupe est depuis quatre ans formée de Ko Shih (fuzz), Troy Gregory (basse), Pat Pantano (batterie) et Ben Blackwell (batterie aussi). L’ouragan provoqué par cette section rythmique (ceux qui ont vu les Dirtbombs en concert savent de quoi je parle) entoure Mick Collins, le guitariste et chanteur qui a certainement déjà dû jouer avec une bonne moitié des musiciens de Detroit, et dont le statut de légende vivante s’accroît à chaque sortie de disque, depuis ses débuts avec les Gories.
Première bonne nouvelle : ce disque est une réussite. Collins, qui depuis 2001 refuse fermement le terme de garage-rock pour qualifier la musique enregistrée par son groupe, semble s’être fait un malin plaisir à brouiller les cartes, une fois de plus. Depuis le premier morceau « It’s Not Fun Until They See You Cry » jusqu’au dernier – en français dans le texte « La Fin du Monde », ce disque propose des styles variés, en conservant néanmoins le son qui a rendu les Dirtbombs célèbres*.
Sur la première chanson, Mick Collins semble se prendre pour Mark E. Smith, le chanteur de The Fall : sur un maelstrom sonore, sa voix puissante déclame inlassablement « Now you’ve got what you wanted ». Sur Dangerous Magical Noise, la première chanson (« Start The Party ») donnait le ton ; ici encore, le groupe montre qu’il n’a rien perdu de son énergie, et que l’ampleur du son est toujours sans comparaison. « Ever Lovin’ Man », la chanson suivante, ramène l’auditeur au deuxième LP du groupe (Ultraglide In Black, sorti en 2001) pour un morceau aux riffs dévastateurs, aux chœurs généreux, où l’intérêt des deux batteries apparaît clairement, et sur lequel Mick Collins rappelle au monde qui est le patron. Sur ce disque, le groupe se montre souverain quand il joue des morceaux qu’aucun autre groupe ne pourrait enregistrer de la même façon : « Leopardman at C&A », « Fire In The Western World » ou « I Hear The Sirens ». Ces chansons montrent un groupe solide, tendu à l’extrême, et totalement dévoué à son credo rock ; pour rester immobile sur ces chansons, il faut être mort.
L’ambitieux « They Have Us Surrounded » à l’orchestration oppressante, est une des pistes sur lesquelles les Dirtbombs prouvent qu’ils savent faire autre chose que d’enregistrer les meilleures pistes rock du moment… Sur cet album, le groupe se met clairement en danger, et s’aventure loin des rivages explorés : « Indivisible » et son refrain surréalistico-ridicule (« Dop-Dop-Dop-Dop-Dop-Dop… ») en surprendra plus d’un(e), tout comme le rythme de « Wreck My Flow », où la fuzz dessine en boucle un riff sur lequel Mick Collins balance un rap – terme à comprendre ici dans le sens de « chant parlé ». Autre curiosité, l’avant-dernier morceau, « Race To The Bottom », une construction abstraite de plus de huit minutes où le groupe s’aventure sur les traces des groupes expérimentaux des années 1960 et 1970 (Mothers, Can, etc.).
Le disque possède aussi ce qui restera sans doute comme le meilleur morceau de rock chanté en français de l’année 2008 – désolé pour les groupes hexagonaux, la francophonie progresse à grands pas, et la concurrence s’étend chaque jour un peu plus. Même s’il y a encore du boulot dans la prononciation, le groupe livre en fin d’album (remarquez, ça paraît logique) « La Fin du Monde », un morceau prodigieux où l’excellence du groupe éclate une dernière fois dans ce véritable baroud d’honneur : guitare, basse, fuzz et batterie livrent ici un récital parfaitement maîtrisé, où les chœurs rejoignent Mick Collins pour le refrain… A l’image de celle de l’album, l’écoute de ce morceau au casque relève de l’expérience mystique.
En douze morceaux, les Dirtbombs ont prouvé qu’ils sont plus que jamais un groupe indispensable : indescriptible, novateur et toujours pertinent. On attend déjà la suite avec impatience.
* comprendre : « célèbre pour les esthètes ».
Liste des chansons :
1. It’s not fun until they see you cry
2. Ever Lovin’ Man *
3. Indivisible *
4. Sherlock Holmes
5. Wreck my flow
6. Leopardman at C&A
7. Fire in the western world *
8. Pretty princess day
9. I hear the sirens *
10. They have us surrounded
11. Race to the bottom
12. La fin du monde *
P.S.: extrait d’une interview de Mick Collins (2007) : « In France, we've played there for the last five years and never had good attendance ; suddenly, last time, you would have thought we were the Rolling Stones...» Si, par bonheur, les Dirtbombs revenaient en France, ne les décevez pas…
We Have You Surrounded
(In The Red, 2008)
Disque le plus attendu de ce début d’année 2008, ce nouvel album des Dirtbombs est le premier LP du groupe depuis Dangerous Magical Noise (2003) – le double CD sorti en 2005 (If you don’t already have a look) étant une compilation de 45 tours. Depuis une quinzaine d’années, ce groupe de Detroit fait référence en matière de rock. Après de multiples changements, la formation semble s’être (définitivement ?) stabilisée ; le groupe est depuis quatre ans formée de Ko Shih (fuzz), Troy Gregory (basse), Pat Pantano (batterie) et Ben Blackwell (batterie aussi). L’ouragan provoqué par cette section rythmique (ceux qui ont vu les Dirtbombs en concert savent de quoi je parle) entoure Mick Collins, le guitariste et chanteur qui a certainement déjà dû jouer avec une bonne moitié des musiciens de Detroit, et dont le statut de légende vivante s’accroît à chaque sortie de disque, depuis ses débuts avec les Gories.
Première bonne nouvelle : ce disque est une réussite. Collins, qui depuis 2001 refuse fermement le terme de garage-rock pour qualifier la musique enregistrée par son groupe, semble s’être fait un malin plaisir à brouiller les cartes, une fois de plus. Depuis le premier morceau « It’s Not Fun Until They See You Cry » jusqu’au dernier – en français dans le texte « La Fin du Monde », ce disque propose des styles variés, en conservant néanmoins le son qui a rendu les Dirtbombs célèbres*.
Sur la première chanson, Mick Collins semble se prendre pour Mark E. Smith, le chanteur de The Fall : sur un maelstrom sonore, sa voix puissante déclame inlassablement « Now you’ve got what you wanted ». Sur Dangerous Magical Noise, la première chanson (« Start The Party ») donnait le ton ; ici encore, le groupe montre qu’il n’a rien perdu de son énergie, et que l’ampleur du son est toujours sans comparaison. « Ever Lovin’ Man », la chanson suivante, ramène l’auditeur au deuxième LP du groupe (Ultraglide In Black, sorti en 2001) pour un morceau aux riffs dévastateurs, aux chœurs généreux, où l’intérêt des deux batteries apparaît clairement, et sur lequel Mick Collins rappelle au monde qui est le patron. Sur ce disque, le groupe se montre souverain quand il joue des morceaux qu’aucun autre groupe ne pourrait enregistrer de la même façon : « Leopardman at C&A », « Fire In The Western World » ou « I Hear The Sirens ». Ces chansons montrent un groupe solide, tendu à l’extrême, et totalement dévoué à son credo rock ; pour rester immobile sur ces chansons, il faut être mort.
L’ambitieux « They Have Us Surrounded » à l’orchestration oppressante, est une des pistes sur lesquelles les Dirtbombs prouvent qu’ils savent faire autre chose que d’enregistrer les meilleures pistes rock du moment… Sur cet album, le groupe se met clairement en danger, et s’aventure loin des rivages explorés : « Indivisible » et son refrain surréalistico-ridicule (« Dop-Dop-Dop-Dop-Dop-Dop… ») en surprendra plus d’un(e), tout comme le rythme de « Wreck My Flow », où la fuzz dessine en boucle un riff sur lequel Mick Collins balance un rap – terme à comprendre ici dans le sens de « chant parlé ». Autre curiosité, l’avant-dernier morceau, « Race To The Bottom », une construction abstraite de plus de huit minutes où le groupe s’aventure sur les traces des groupes expérimentaux des années 1960 et 1970 (Mothers, Can, etc.).
Le disque possède aussi ce qui restera sans doute comme le meilleur morceau de rock chanté en français de l’année 2008 – désolé pour les groupes hexagonaux, la francophonie progresse à grands pas, et la concurrence s’étend chaque jour un peu plus. Même s’il y a encore du boulot dans la prononciation, le groupe livre en fin d’album (remarquez, ça paraît logique) « La Fin du Monde », un morceau prodigieux où l’excellence du groupe éclate une dernière fois dans ce véritable baroud d’honneur : guitare, basse, fuzz et batterie livrent ici un récital parfaitement maîtrisé, où les chœurs rejoignent Mick Collins pour le refrain… A l’image de celle de l’album, l’écoute de ce morceau au casque relève de l’expérience mystique.
En douze morceaux, les Dirtbombs ont prouvé qu’ils sont plus que jamais un groupe indispensable : indescriptible, novateur et toujours pertinent. On attend déjà la suite avec impatience.
* comprendre : « célèbre pour les esthètes ».
Liste des chansons :
1. It’s not fun until they see you cry
2. Ever Lovin’ Man *
3. Indivisible *
4. Sherlock Holmes
5. Wreck my flow
6. Leopardman at C&A
7. Fire in the western world *
8. Pretty princess day
9. I hear the sirens *
10. They have us surrounded
11. Race to the bottom
12. La fin du monde *
P.S.: extrait d’une interview de Mick Collins (2007) : « In France, we've played there for the last five years and never had good attendance ; suddenly, last time, you would have thought we were the Rolling Stones...» Si, par bonheur, les Dirtbombs revenaient en France, ne les décevez pas…
Vidéo :
"Ever Lovin' Man"
"Leopard Man At C&A"
Vinyle :