3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 19:33
Magic Trick - The Glad Birth Of LoveMagic Trick -
The Glad Birth Of Love

(Empty Cellar ; 2011)

 

 

    Cet album, publié sous le nom du groupe Magic Trick, est en réalité le dernier LP de Tim Cohen, membre central desFresh & Onlys et figure incontournable de la scène rock’n’roll de San Francisco depuis quelques années, dont la productivité et l’inspiration sont parfaitement délirantes… Rarement avant Tim Cohen, un artiste a réussi à conserver un tel niveau de qualité en publiant des chansons à un tel rythme. Les dernières productions des Fresh & Onlys avaient montré que les frontières s’effaçaient entre les productions de son groupe et celles que Cohen sortait sous son seul nom ; le voilà qui brouille les cartes une fois de plus, en livrant avec The Glad Birth of Love un nouveau coup de maître d’une discographie impressionnante.

 

    Les compositions de The Glad Birth of Love sont partagées entre des passages contemplatifs et de redoutables évidences mélodiques : Tim Cohen parvient à conserver une qualité d’écriture remarquable et à ménager à l’intérieur de ses chansons des moments plus abstraits. La première des quatre chansons de l’album est un pur moment de grâce, où la voix de Cohen est placée de façon assez évidente en première position ; derrière elle les instruments se mettent en place avec délicatesse. La mélodie, emmenée par une guitare acoustique, est appuyée par des chœurs féminins – sur les notes de pochette, Noelle Cahill, Alicia Vanden Heuvel et Grace Cooper sont ainsi créditées sur cette chanson pour leur « angel voice ». La dernière partie de « Cherished one » est entièrement instrumentale, et remarquable par une surprenante et bienvenue improvisation aux tablas.  Le deuxième morceau, « Daylight Moon », commence dans une ambiance vaporeuse avant de s’emballer un peu dans des arrangements recherchés : les instruments s’accumulent pour accompagner avec élégance la voix de Cohen.

 

    La face B se poursuit sur le même modèle, et s’ouvre par ce qui est le morceau le plus frappant du disque, un conte merveilleux où le chanteur évoque la découverte d’un nouveau-né sur le bord de la route, puis raconte les premières aventures de l’enfant. Cette piste-fleuve explique notamment la pochette de l’album dans une ambiance onirique où les symboles se côtoient pour former un ensemble unique. La maîtrise dont fait preuve Cohen est véritablement diabolique : il sait à merveille enchaîner des moments très variés à l’intérieur de ses chansons. Après cette chanson fantastique, The Glad Birth of Love  s’achève sur « High Heat », une piste qui commence dans un style souvent exploré par Cohen : quelques notes acides de guitare acoustique accompagnent la voix placée dans un écrin brumeux ; les autres éléments (chœurs féminins, orgue, bruitages divers) rejoignent cette dernière chanson à la beauté fragile… A mi-parcours, la mélodie de « High Heat »  se transforme dans une suite à l’évidence immédiate, laissant une fois de plus l’auditeur dans un état régressif de bonheur musical, et transi d’admiration pour le talent de Tim Cohen.

 

    Ce disque est une nouvelle merveille, à l’unité indéniable et complexe, et dont chaque écoute laisse percevoir de nouveaux éléments. A tous les amateurs de musique, ainsi qu’à tous les pisse-vinaigre englués dans un passé aussi glorieux qu’idéalisé et inexact, PlanetGong ne peut que recommander l’écoute de ce nouvel album de Tim Cohen, un des grands artistes contemporains, dont les disques sont depuis longtemps indispensables à toute discothèque digne de ce nom.

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Cherished One *
  2. Daylight Moon
  3. Clyde *
  4. High Heat *

 

"Daylight Moon" en écoute via Pitchfork

 

 

 

 

Vinyle :

 

Magic Trick - The Glad Birth Of Love

 

 

 

 

The Fresh & Onlys : tous les disques chroniqués sur PlanetGong

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 00:19
Cosmonauts - CosmonautsCosmonauts -
Cosmonauts

(Burger 2010, Permanent Records 2011) 


 

C’est bien connu, notre époque est celle de la surinformation, de l’immédiateté et de l’accès instantané à toutes sortes de merveilles grâce à Internet. Envie d’écouter du freakbeat péruvien des années 60 ? Google it ! Il y aura toujours un lien vers une vidéo Youtube ou un blog mp3 pour le permettre. Il n’est plus de groupes inconnus ou oubliés, ces perdants de l’histoire du rock ont désormais leur revanche (le téléchargement leur redonne une seconde vie auprès des passionnés tandis que les majors se cassent la gueule), et les petits groupes actuels réussissent à se faire entendre à l’autre bout de la planète alors qu’ils remplissent difficilement les bars de leur voisinage. Bref, en 2011, si on n’a pas entendu parler d’un groupe, c’est qu’on n’a pas essayé de l’écouter – par flemme, saturation, manque de temps ou d’envie –  car il existe des dizaines de chemins d’accès à la musique d’un groupe.

 

C’est à ce stade de notre réflexion qu’entrent en jeu les fabuleux Cosmonauts. Alors que les réseaux d’information sont plus rapides, accessibles et multiples que jamais, ce quatuor de l’Orange County est parvenu à sortir un album en 2010 sans qu’il soit possible d’en entendre un extrait en dehors de son support. Il faut dire que le groupe semblait avoir fait en sorte que peu de monde ne l’entende : il est sorti sur Burger Records, à 200 exemplaires, uniquement en cassette. Impossible de le télécharger, et pendant des mois seul un morceau était en ligne sur leur MySpace.

 

Pour avoir été des imbéciles qui ont à l'époque commandé ladite cassette pour pouvoir entendre plus que cet intriguant "Neon Kids", on a fait partie pendant un temps du club sélect des gens in the know. Sensation à la fois grisante et merdique que de compter parmi les rares personnes à connaître un excellent album : on a envie de crier partout que Cosmonauts sont des génies, mais il est impossible de partager l'album (la cassette étant le seul format plus atroce que le mp3 en terme de son). Maintenant que Cosmonauts a enfin été édité en vinyle (chez Permanent Records), et que d'autres extraits circulent en ligne, c'est avec joie qu'on peut enfin parler de ce jeune groupe californien et de son excellent premier album .

 

Souvent comparés aux Oh Sees, pour leur rock psychédélique noyé dans la reverb, Cosmonauts font le lien entre rock garage et shoegaze en gonflant leur son de décibels saturés et de riffs de guitares cinglants. Bruitistes mais pas du genre à se planquer derrière un mur de bruit blanc, Cosmonauts possèdent une solide assise rock'n'roll qui leur confère une dynamique garage presque punk et leur ouvre des horizons mélodiques (ces lignes de guitare psychédéliques !). On pense au 13th Floor Elevators ("Electric Chemicals"), à Spacemen 3 ("Stephanie"), au Velvet Underground des débuts, aux fabuleux Epsilons... La batterie primitive martèle, le chanteur hurle avec une morgue évoquant Mark E. Smith, les étincelles pleuvent dans cet album qui frappe par son punch. Cette énergie et cette absence de compromission sonore sont des atouts que certains de ses congénères psychédéliques lo-fi ne possèdent pas toujours (on pense là à des groupes tels que The People's Temple, dont l'album paraît bien sage en regard de celui des Cosmonauts) et qui font de ce Cosmonauts un de nos albums psyché préférés de ces  dernières années. 

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1.) Neon Kids*

2.) Dorothy

3.) Electric Chemicals *

4.) Yer So Rad

5.) Like a French Assassin

6.) T.V. California *

7.) ((((((((((o))))))))))

8.) Our Man Flint

9.) Stephanie

 

Cosmonauts sur Bandcamp : http://cosmonautstheband.bandcamp.com/

L'album se trouve encore sur des sites tels que Piccadilly Records

 

 

"Neon Kids", un morceau assez typique du son du groupe :

 

 

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Yer So Rad"


 

Un extrait de leur album digital sorti en 2011, parce qu'il y a peu de vidéos de Cosmonauts


 

Le groupe en concert


 

 

 

 

 

Cassette :

 

Cosmonauts - Cosmonauts

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 22:13
Bare Wires - Cheap PerfumeBare Wires -
Cheap Perfume

(South Paw 2011)

 

 

Voila un album qui s'est fait attendre ! Annoncé depuis le début d'année pour une sortie estivale, et lancé par un single à la vidéo irrésistible ("Don't Ever Change"), Cheap Perfume est sur notre wish-list depuis des mois. Il faut avouer que son prédécesseur Seeking Love nous avait collé une sacrée claque (dont on ne s'est toujours pas remis) et que Matthew Melton suit depuis quelques années un trajet rock'n'roll sans faux pas, que ce soit en solo ou en groupe avec Snakeflower 2, Bare Wires et ses autres projets satellites.

 

La première surprise que révèle Cheap Perfume quand on tient l'exemplaire physique entre les mains réside dans son format : c'est un vinyle 10 pouces (il parait qu'on dit 25cm en bon français), avec cinq morceaux par face et – tant mieux pour nous – aucun des deux excellents morceaux présents sur la compilation Group Flex ("Wanna Fight" et "The Right Time"), ce qui nous garantit un album essentiellement inédit.

 

N'y allons pas par quatre chemins : ceux qui sont, comme nous, tombés sous le charme empoisonné du rock'n'roll hirsute et décomplexé de Seeking Love devraient prendre un plaisir immense à l'écoute de cet album qui se situe dans la même veine. La production fait toujours la part belle à la guitare cinglante de Matthew Melton qui brasse des gros riffs à la vitesse de l'éclair avec comme seule motivation de faire remuer les fesses de son auditoire. L'instrument virevolte sur des morceaux débordants d'énergie tels que "Back On The Road", "Make Her Mine" et "Sweet Little Stranger", parfois au détriment de la voix du chanteur dont le mince filet peine toujours à percer au milieu du tintamarre des guitares.

 

Les morceaux tubesques sont ici légion. Outre le glam-boogie poseur de "Don't Ever Change" (qui parait ahurissant de facilité), Matthew Melton disttribue les remèdes à la morosité ambiante avec générosité : "Cheap Perfume" à la mélodie insidieuse,  l'hymne ultime des tournées "Back On The Road" où les riffs de guitare tombent avec fracas, la tournoyante "Make Her Mine". Si le tempo est parfois plus reposé que sur Seeking Love  (notamment sur "Never Gonna Change" ou "Television Girls"), Cheap Perfume ne connaît aucun temps mort.

 

Parmi les quelques écueils de l'album, notons que la production parfois étouffée – et voulue ainsi par le groupe – dessert parfois les morceaux de Matthew Melton. On aimerait de temps en temps que ça explose un peu plus, que le parti-pris glam-boogie soit un peu plus assumé, un peu moins lo-fi. Par ailleurs, la proximité sonore de Cheap Perfume avec Seeking Love fait qu'on a parfois l'impression d'entendre des redites de l'album précédent. "Sweet Little Stranger" est un cousin proche de "Seeking Love", quelques plans semblent déjà entendus mais l'ensemble contient assez de fraîcheur pour que l'on passe outre : Cheap Perfume est un excellent album de rock'n'roll enthousiaste et débridé.

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

A1. Dont Ever Change *
A2. Dirt Beach
A3. Cheap Perfume *
A4. Back On The Road *
A5. Aint Worth Walkin Away

B1. Television Girls
B2. Sweet Little Stranger *
B3. Now Or Never
B4. Make Her Mine
B5. Never Gonna Change

 

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Don't Ever Change"


 

"Never Gonna Change"


 

 

 

 

 

Vinyle :

 

L'album est au format intermédiaire de 10", cent exemplaires ont été mis en vente avec un vinyle rouge.

 

Bare Wires - Cheap Perfume

 

 

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 14:21
The Donkeys - Born With StripesThe Donkeys -
Born With Stripes

(Dead Oceans 2011)

 

 

Un nom de groupe marrant, une pochette alléchante : tout porte à croire à première vue que The Donkeys sont un groupe psyché ou space-rock qui va proposer une musique ambitieuse. Pourtant, dès ses premiers instants, l'album déçoit. L'ouverture "Don't Know What We Are" au son aseptisé – un titre qu'on qualifierait du gros mot d'indie-rock tant il est passe-partout – propose quatre minutes de guitare et de batterie où il ne se passe quasiment rien. La ballade qui enchaîne, "I Like The Way You Walk" aggrave le cas de ces pauvres Donkeys : c'est gentillet, un peu niais, assez pop et mou pour passer sur des radios de grande écoute.

 

Certains auraient déjà (à juste raison) lâché le dossier avant le troisième morceau de l'album tant l'affaire parait mal engagée. Est-ce par souci de professionnalisme (on en doute) ou par flemme de se lever jusqu'à la chaîne (c'est plus probable) qu'on a écouté le disque en entier ? En tous cas on se félicite aujourd'hui d'avoir persisté dans l'écoute de Born With Stripes. On aurait alors raté le réveil du groupe sur "Bloodhound", ballade americana au refrain infectieux, et la farandole de bons morceaux qui se succèdent subitement  à partir de "Born With Stripes".

 

L'apathie initiale du groupe n'est alors plus qu'un vague souvenir, The Donkeys deviennent soudain dynamiques et rock'n'roll grâce à un clavier sautillant façon Augie Meyers, ils se lancent dans un trek jusqu'à Rishikesh avec une des plus belles lignes de sitar qu'on ait entendu depuis longtemps ("West Coast Raga"), se prennent pour les Doors sur "New Blue Stockings" et enfilent les jolies mélodies comme des perles ("Ceiling Tan", "Bullfrog Blues"). De gris à ses débuts, l'album explose ainsi en couleurs psychédéliques et se révèle à la hauteur de nos attentes initiales.

 

Born With Stripes n'est pas un grand album, il ne devrait changer la vie de personne, mais il contient assez d'indices pour qu'on imagine un avenir intéressant à ces Donkeys venus de San Diego. Ces mecs ont du talent et savent écrire des belles chansons pop bien emballées, c'est déja pas mal.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. Don't Know Who We Are

2. I Like The Way You Walk

3. Bloodhound *

4. Born With Stripes *

5. Kaleidoscope

6. West Coast Raga *

7. New Blue Stockings

8. Ceiling Tan

9. Oxblood

10. Bullfrog Blues *

11. Valerie

12. East Coast Raga

 

Le site officiel du groupe : http://donkeysongs.com/

 

 

 

 

 

Vidéos :

 

"West Coast Raga" (live)


 

"Don't Know Who We Are"

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 14:07
Lil Daggers - Lil DaggersLil Daggers -
Lil Daggers

(Limited Fanfare ; 2011)

 

 

Ce disque, le premier album enregistré par le groupe floridien de Lil Daggers, est l’une des plus belles découvertes de l’année. Lil Daggers présente au fil de ses onze chansons une inspiration évidente et une qualité d’interprétation remarquable. Le groupe joue un rock’n’roll influencé principalement par le sous-genre garage et les musiques psychédéliques (oui, bon, rien de bien original de parler d’un tel disque en ces lieux, je sais).

 

L’album débute sous des auspices délibérément rock’n’roll, qui ne traduisent pas très bien l’ambiance générale de l’ensemble : « Wastin’ » est le morceau le plus lourd du disque, l’un des plus évidents, et celui qui doit convaincre l’auditeur arrivé par hasard… mais, pour nous, cette chanson est loin d’être la plus convaincante du disque. Lil Daggers est marqué par l’importance laissé à l’orgue, qui se livre à des échanges magnifiques avec les guitares, ou crée avec elles des ambiances excellentes (« Slave Exchange », « Gost Herd»). Le groupe semble bien en place, entre ces deux pôles et une batterie remarquable (« Dada Brown »,« Dead Golden Girls », « Wastin’ »).

 

Le groupe enregistre des morceaux planants, dont la (peu convaincante) chanson « Pair of lives », mais aussi de bonnes chansons immédiates, parfaitement réalisées par un groupe sûr de son fait (« Dada Brown » en est peut-être l’exemple le plus pertinent). Pour enchaîner ces variations, Lil Daggers se permettent d’insérer dans l’album des impromptus et des cassures étonnantes. La première rupture est la semi-acoustique« Pignose », qui surprend par ce changement de rythme soudain ; au cours de cet album, de semblables surprises se reproduisent (« Wicked Lady Jam ») – parfois à l’intérieur même des morceaux (le pont de « Past Due », par exemple). En fin de disque, « Strange Wolf » est une chanson lente et sombre qui rappelle Amen Dunes par certains aspects (voix lointaine, jeu de guitare qui semble presque à l’abandon mais qui reste très élégant). 

 

Cet ensemble de styles variés semble de prime abord assez déconcertant : la longue introduction de « Ghost Herd », le final de « Slave Exchange ». Cependant, écoute après écoute, les aspects hétéroclites du disque s’assemblent pour arriver à former un ensemble cohérent et terriblement séduisant. Si le groupe montre à travers ce premier album qu’il est encore perfectible, il y fait également preuve d’une identité très forte ; dans un genre saturé de groupes, Lil Daggers se distingue de ses collègues avec brio, et s’affirme comme un des nouveaux groupes U.S à suivre.

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Wasting

  2. Slave Exchange *

  3. Pignose *

  4. Ghost Herd

  5. Past Due *

  6. Dada Brown *

  7. Wicked Lady Jam

  8. Dead Golden Girls *

  9. Pair of lives

  10. Give me the pill

  11. Strange Wolf

Lil Daggers ont aussi publié un excellent single en 2010 sur Livid Records

L'album en écoute via Bancamp :

 

 

 

Vidéo :

 

"Dada Brown"


 


 

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 09:59

Jacuzzi-glazin.jpg

Jacuzzi Boys -
Glazin

(Hardly Art ; 2011)

 

 

Auteurs d’un excellent premier album fort apprécié en ces lieux, puis d’un single remarquable, les Jacuzzi Boys ont eu la bonne idée de modifier un peu leur formule, au moment de concevoir leur deuxième LP. A l’heure où les groupes à la production délibérément lo-fis’empilent et fatiguent les auditeurs les plus acharnés – qui commencent à manquer d’oxygène, à trop écouter des albums aux productions étouffées – les Floridiens ont décidé de mettre de l’ordre dans leurs compositions et d’éclaircir leur son. Exit la distorsion et le léger voile qui donnait au groupe un côté do it yourself très charmant, le groupe joue désormais ses morceaux sans artifice et sans besoin de se dissimuler derrière la production de leurs chansons. Ce Glazin'sonne (étonnamment) propre, certes, mais cela permet au groupe de se démarquer quelque peu de la meute et surtout de mettre en avant ses superbes compositions aux contours powerpop.

 

Sur l’ensemble du disque – à peine plus de trente minutes en douze pistes – les Jacuzzi Boys démontrent une facilité d’écriture remarquable : « Automatic Jail »puis « Glazin’ »  s’imposent tranquillement parmi les meilleures chansons popde l’année. Ce disque enchaîne les chansons enthousiasmantes sans relâche, et y insère tout un registre d’aspects inspirés : rythmique robotique et solo de guitare de quelques secondes de « Cool Vapours », « Silver Sphere » ou « Libras and Zebras », guitare rythmique minimaliste et tranchante et chant très mélodique de « Crush »… Par ailleurs, les paroles de quelques-unes des chansons sont d’une naïveté popfantastique (« Automatic Jail », « Crush »).

 

La seconde moitié de l’album voit le groupe revenir à un son nettement plus tendu sur « Silver Sphere » et « Zeppelin » qui se distingue aussi par une rythmique assez lourde et délibérément glam : une fois de plus, les Jacuzzi Boys impressionnent… Ils continuent d’envoyer d’excellents morceaux rock’n’rollsur la seconde partie de leur album : « Los Angeles » et ses changement de rythmes, ses chœurs enlevés (de joyeux« oooh L.A. oooooh-oooooh-aaaaaah »), et son riff de guitare marquant. En fin d’album, une ballade se charge d’apporter un peu de calme et de conclure ce Glazin’ de façon plus posée que les extravagantes chansons qui la précédaient.

 

Avec ce deuxième album très réussi, les Jacuzzi Boys sont parvenus à dépasser le statut de brillant espoir : ils sont devenus une des valeurs sûres de la scène contemporaine, et leur album restera comme un des meilleurs de l’année.

 

 

 

 

 

Liste des chansons : 

  1. Viscaya

  2. Automatic Jail *

  3. Glazin’ *

  4. Cool Vapors *

  5. Libras and Zebras

  6. Crush *

  7. Silver Sphere (Death Dream)

  8. Zeppelin *

  9. Los Angeles

  10. Koo Koo with you *

 

 

 

Vidéos 

 

"Automatic Jail"


 

"Glazin'"

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

Les cent premiers exemplaires du vinyle contiennent un 45 tours bonus sur lequel les Jacuzzi Boys reprennent avec brio "Born Dancer" de Kim Fowley.

 

Jacuzzi Boys - Glazin'


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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 20:02

Dum Dum Girls - Only In Dreams Dum Dum Girls -
Only In Dreams

(Subpop ; 2011)

 

 

     L’année dernière, au moment où le monde entier s’extasiait sur le premier album des Dum Dum Girls, votre site unique et préféré (en tout cas, le mien) exprimait une certaine incompréhension vis-à-vis de cet emballement médiatique. I Will Be était un assez bon premier album, et rien d’autre (contrairement à ce qui a été écrit, le disque n’était ni novateur, ni particulièrement inspiré). Un an plus tard, alors que sort le deuxième album, que reste-t-il du groupe de Kristin Gundred – qui se fait maintenant appeler Dee Dee ?

 

    La composition des Dum Dum Girls a quelque peu évolué, et le son des chansons également : alors que celui du premier album se situait dans la lignée des Vivian Girls, celui d’Only in Dreams est plus explicitement pop. Après avoir réussi avec brio son apparition sur la scène contemporaine (plus ou moins) indépendante, Dee Dee et ses complices tentent de séduire un plus large public, à grand renfort de bas résille. Les influences surf  sont toujours présentes (le riff de guitare de « Just a creep »), et l’aspect sixties girls’ band a été encore renforcé – les Shangri-La’s sont ainsi régulièrement évoquées.

 

    Le début d’album est assez musclé : « Always Looking »  est une chanson d’à peine plus de deux minutes, à la rythmique placée très en avant, avec des chœurs un peu crétins mais pas désagréables, et qui s’achève avant qu’on ait pu s’en faire une opinion. En revanche, le morceau suivant,  « Bedroom Eyes », est bien affreux : un morceau de pop-rock propret, au chant affecté,  et alors qu’on entend « I feel I’ll never sleep again », on pense « I’ll never listen to that song again ». Cette impression se poursuit tout au long de l’album : le chant de Dee Dee est l’aspect le plus choquant d’Only in Dreams. Alors que sur I will be, le choix avait été pris de noyer la voix dans un halo d’écho, la voix est ici mise en évidence… Le résultat est l’apparition de « ohwhoowhooo » irritants (« Caught in one ») et de parties vocales susurrées qui se transforment en envolées lyriques (« Caught in one »). Malheureusement, dans la ligne de partage des chanteuses rock, Dee Dee est plus du côté d’Alanis Morissette que de celui de Lisa Kekaula ou de Rachel Nagy.

 

    Conclusion à l’intention de ceux qui ne lisent que les trois dernières lignes des articles : ce deuxième disque est globalement raté, malgré les évidentes capacités du groupe (« Wasted Away ») ; cela ne devrait cependant pas l’empêcher de se vendre par palettes entières.

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Always looking
  2. Bedroom eyes
  3. Just a creep
  4. In my head
  5. Heartbeat (take it away)
  6. Caught in one
  7. Coming down
  8. Wasted away *
  9. Tears in my pillow
  10. Hold you hand

 

 

 

Vidéo :

 

"Bedroom Eyes"


 
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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 19:33

The People’s Temple - Sons Of Stone

The People’s Temple -

Sons Of Stone

(Hozac 2011)

 

 

On parle souvent des fratries comme étant une inépuisable source de querelles et conflits. Appliquée au rock’n’roll, la présence de membres d’une même famille dans les groupes a souvent été le moteur à explosion de grandes chansons. La jalousie de Ray Davies pour son frère l’a poussé à écrire "Two Sisters" et "Dandy", mais a aussi provoqué quelques pugilats (le plus dommageable d’entre eux ayant induit le bannissement du groupe des USA pendant les années 60). Idem pour les Gallagher, Reid ou Fogerty chez qui la rivalité fratricide a poussé chacun des frangins à surpasser l’autre – pour le bonheur des fans – mais a inévitablement guidé le groupe vers une fin houleuse.

 

Avec deux fratries en son sein (Alex et George Szegedy, guitare et batterie, Spencer et William Young, basse et guitare), The People’s Temple propose une formation à hauts risques dont le mélange ne peut qu’être corrosif. Le premier album de ce double duo venu de Lansing (Michigan), sorti cette année sur HoZac après une paire de singles déjà convaincants (mais extrêmement brouillons côté sonore), puise son inspiration dans le rock garage américain des années 1960, celui des compilations Nuggets dont l'influence continue encore d'alimenter une grande partie de la scène rock underground nord-américaine. Deux sons de guitare se partagent la construction des morceaux : une Gretsch argentine qui évoque Stacy Sutherland et apporte un canevas psyché aux morceaux, et une fuzz qui tombe en coups de tonnerre pour apporter des ruptures rock'n'roll. En adjonction au chant adolescent de William Young, c'est cette lead versatile tenue par Alex Szegedy, qui donne son identité au groupe.

 

Cette approche esthétique entraîne le groupe dans des territoires de The Brian Jonestown Massacre ("Where You Gonna Go", "Led As One (Si Vis Pacem Para Bellum)", ce qui n'a rien de surprenant étant donné leur patronyme inspiré de la même tragédie, et dans des trips à drones dignes des 13th Floor Elevators ("Starstreamer", "Sons Of Stone", "Axe Man"). Pour autant, The People's Temple n'est pas un groupe planant lambda et sait donner dans le rock'n'roll. On pense parfois à Love, aux Seeds, voire aux Rolling Stones à l'écoute de morceaux tels que "Keeper (of Souls)" ou "Pretender". Seul le manque de clarté et de puissance du son vient parfois nous agacer un peu (le garage n'a pas toujours que du bon), mais sur la qualité de son premier album, The People's Temple a réussi à faire mieux qu'attirer notre attention. Un groupe à suivre de près !

 

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. Sons of Stone *
2. Led As One *
3. Mephedrone
4. Visions of the Sun *
5. Where You Gonna Go?
6. Starstreamer
7. Sons of Stone (Revisited)
8. Axeman *
9. Keeper (of Souls)
10. Pretender
11. Miles Away *
12. Stick Around
13. Never Really (Saw Me Comin Round)
14. The Surf

 

The People's Temple sur MySpace : www.myspace.com/thepeoplestemple10

 

 

 

 

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Axeman"

 

 "Miles Away" (acoustique)


 

 

Vinyle :

 

The People's Temple - Sons Of Stone

 

 

 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 08:37

Dead Ghosts - Dead Ghosts

Dead Ghosts -
Dead Ghosts
(Florida's Dying 2010)

 

 

Parmi la scène garage nord-américaine qui vit une explosion impressionnante ces derniers temps (il ne se passe pas un mois sans qu'on découvre un ou plusieurs groupes de qualité), il est parfois difficile de discerner le bon grain de l'ivraie. Ayant une certaine tendance à s'emballer dès qu'on entend un son de guitare familier, une production un peu sale et des musiciens qui savent jouer de façon convaincante, il est difficile pour nous de rester objectif au fil des albums écoutés. Non, tout album ayant une production volontairement lo-fi et quelques riffs saillants n'est pas forcément un disque indispensable. Dans notre recherche effrénée de nouveaux groupes, on a parfois tendance à l'oublier, mais derrière une poignée de bons titres se cache souvent un album moyen.

 

C'est malheureusement le cas du premier des emballants Dead Ghosts de Vancouver, quatuor garage bruitiste qui braille ses morceaux sixties beat avec le même je-m'en-foutisme éclairé que les Black Lips. Oh, ne croyez pas pour autant que cet album est mauvais, ce serait aller trop vite. Dead Ghosts ont pour eux un sens du gimmick qui fait mouche (la descente de guitare tournoyante de "Haunted House", la fuzz gracile de "Getting Older", le dzoing-dzoing primesautier de "When It Comes To You") et sont d'excellents musiciens, à l'aise dans leur garage sixties ("Off The Hook", "Girl Across The Street").

 

Ce premier album, sorti en 2010 sur Florida's Dying, contient quelques pistes de remplissage et quelques passages trop brouillons qui le font tomber dans la catégorie des disques moyens, mais les meilleurs morceaux des Dead Ghosts font de ce jeune groupe, un de ceux sur qui on mise le plus pour l'avenir. En ce mois de septembre 2011, ils viennent de retourner en studio pour enregistrer la suite. On l'attend avec impatience.

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1 - When it Comes to You *
2 - Detroit Jerry
3 - Off the Hook
4 - Haunted House *
5 - She Likes It
6 - Girl Across the Street *
7 - I Want You to Know
8 - Dead Ghosts
9 - Getting Older *
10 - How the West Was Fun
11 - What to Do
12 - James Brown
13 - I Want Your Love

 

 

 

Vidéos :

 

"Getting Older"


 

"Haunted House"


 
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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 13:22

The Witches - A Haunted person’s guide to the Witches

The Witches -

A Haunted person’s guide to the Witches

(Alive Records / Differ-ant ; 2011)

 

 

Au début de l’année 2011, le label AliveRecords(que vous devez connaître si vous avez lu quelques articles consacrés à des groupes récents sur notre site) a publié sous ce titre à rallonge une compilation des Witches, groupe dont les dernières sorties discographiques remontaient déjà à cinq ans. Basé à Detroit, ce groupe a existé de 1996 à 2006, et gravitait autour de Troy Gregory, son membre principal, qui a notamment fait partie pour quelques années des Dirtbombs, comme la moitié des musiciens rock’n’roll de Detroit depuis quinze ans, environ… Troy Gregory avait marqué son arrivée de façon impressionnante chez les Dirtbombsen livrant plusieurs compositions pour Billiards at 9:30, avant de quitter le groupe de Mick Collins à l’automne 2008.

 

Pendant les dix années qu’ont vécu les Witches, Gregory s’était entouré de divers musiciens qui jouaient dans d’autres groupes, dont le batteur des SightsEugene Strobe et Matthew Smith, la tête pensante des Outrageous Cherry. Aux dires mêmes de ceux qui la composaient, la scène de Detroit était très réduite, tous les groupes se connaissaient et faire partie d’un groupe n’avait rien d’exclusif. Ces musiciens accomplis ont pu profiter des studios du producteur Jim Diamond (également membre à part entière des Witches), responsable d’un pan entier du son des années 2000 de Detroit. A Haunted person’s guide to the Witches démontre un son proche de la perfection à plusieurs reprises (sur « Down on Ugly Street », « The Haunted Regulars », « (She’s got some kinda) Thing » notamment). Les chœurs sont très soignés – parfois un peu scolaires (« Why do you make me feel like that? »,« Sleepin’ on a demons’ tree »), et le chant se montre parfois un peu trop appliqué pour une chanson de rock’n’roll(« Who wants to sleep with the birthday girl? » ).

 

Le disque enchaîne les différences époques qu’a connues le groupe, et démontre une belle cohérence : cette compilation déroule ses douze chansons sans véritable saut de style. A quelques exceptions près, l’ambiance du disque est assez sombre, ce qui parvient par endroits à apporter un élément supplémentaire à la mélodie de la chanson (« The Haunted Regulars », « Everyone’s the greatest » ), mais ne semble malheureusement pas toujours pertinent(« Sleepin’ on a demons’ tree »). A Haunted person’s guide to the Witches est une très bonne introduction au groupe de Troy Gregory, un disque qui possède quelques très bonnes chansons, dont « Down on Ugly Street » au son de basse chaleureux et entraînant et un hitgarage-rocktrès efficace garni d’orgue génial « People what’s wrong with u »

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

  1. Everyone’s the greatest

  2. Down on ugly street *

  3. Lost with the real gone

  4. Who wants to sleep with the birthday girl?

  5. People what’s wrong with U

  6. Spirit world rising

  7. Why do you make me feel like that?

  8. The Haunted Regulars

  9. (She’s got some kinda) Thing

  10. Attack ov thee misfit toyz

  11. Sleepin’ on a demons’ tree

  12. Creepin thru your galaxy

 

 

 

 

Vidéo :

 

"Everyone's The Greatest"


 
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