Le premier album de People's Temple était un des plus enthousiasmants de l'année passée. Alors que le second se profile, Hozac nous livre un avant-goût appétissant des choses à venir avec un single sombre et répétitif.
On sent l'influence du Michigan dans la musique décharnée du duo qui s'approche du son des Stooges du premier album sur ce morceau rêche. Sons Of Stone, le premier album du groupe avait un côté lumineux, un peu à la façon du Brian Jonestown Massacre dans sa période fleur bleue. "Looter's Game" annonce un deuxième album plus dur. La face B "Highs And Lows", enregistrée en 2010 (et contemporaine des morceaux de Sons Of Stone) montre le contraste entre le son du groupe aujourd'hui et hier. On attend la suite avec curiosité.
Tout le monde parle de la scène de San Francisco ces jours-ci (ils ont bien raison), et la demande pour des nouveaux morceaux des têtes d'affiche de la ville est grande. En l'attente d'un nouvel album des Oh Sees, les fans peuvent donc se réjouir de la publication d'un split-single qui met en avant le groupe de John Dwyer, et The Mallard, groupe local qui commence à apparaître sur de nombreuses compilations.
La face A des Oh Sees est une ballade pop légère comme Dwyer semble de plus en plus enclin à publier ces dernier temps, un brin répétitif mais agréable. Un morceau mineur dans le répertoire opulent du groupe. La face B est une nouvelle occasion de donner une chance à The Mallard, groupe de clones des Oh Sees adoubé par Dwyer qui les met constamment en avant (et dont le premier album publié par Castle Face ne nous a guère convaincu). Ce n'est pas ce "Over And Under" au son étouffé, sans groove ni mélodie discernable qui changera grand-chose à notre opinion. Le seul mérite de ce morceau est de nous donner envie de remettre la face A et de nous rappeler à quel point trousser une bonne chanson n'est pas une chose aisée. On a trop l'habitude de voir les Oh Sees nous servir des becquées de bonnes chansons, ne faisons pas la fine bouche quand ils publient un single moins fulgurant, car "Wait Let's Go" aurait fait une excellente face B d'un de leurs propres tubes groovy.
Alors que l'album de Tame Impala nous émerveille depuis deux mois, un single vient nous rappeler que Kevin Parker n'est pas le plus fou parmi sa bande de potes. Comme vous le savez certainement, POND est le groupe mené par nick Allbrook et Jay Watson, respectivement clavieriste et bassiste de Tame Impala. C'est le ying au yang du projet de Kevin Parker. Là où Tame Impala est un projet solitaire, guidé par la mélancolie de son auteur qui s'imagine dans des univers parallèles tout en couleurs pastel, POND joue la carte de l'extravagance, des couleurs flashy, des rythmes moites et des idées qui s'entrechoquent comme autant d'explosions sonores.
"Moth Wings", et son redoutable riff funky, doublé de l'hymne glam "You Broke My Cool" extraient cinq minutes du formidable album qu'ont publié POND cette année. Ce single est une excellente entrée en matière pour le novice qui ne saurait par où commencer, d'autant que ces deux morceaux – tout excellents qu'ils soient – ne sont pas les meilleurs de l'album, qui figure parmi les meilleurs entendus en 2012.
C'est avec joie qu'on salue le retour du groupe le plus mou de l'ouest sur un split single avec Moon Duo. Les léthargiques Psychic Ills ne semblent pas encore être revenus de la folle défonce que représentait leur récent album Hazed Dream. Sur la première face de ce 45 tours, le groupe new-yorkais joue "Take Me With You", morceau lancinant à la mélodie évidente dont on tombe amoureux à première écoute. C'est tout le paradoxe avec ce groupe : quand on les écoute on aimerait leur botter le cul pour qu'ils jouent avec un peu plus de nerf, mais c'est aussi leur décontraction absolue qu'on adore. Ce titre tend à prouver un peu plus que Psychic Ills est le meilleur groupe à écouter quand on s'affale sur son canapé en fin de soirée. Le groove de l'homme fatigué, ils le tiennent à la perfection.
Il en résulte que sur la face B les excellents Moon Duo paraissent presque violents avec leur "Zoned" qui se place dans la lignée de leur récent Circles. Toutefois, le krautrock lumineux de Ripley Johnson et Sanae Yamada fait encore une fois mouche et fait assurément de ce single un des meilleurs de l'année.
Après un excellent premier single sorti en février – on en reparle bientôt –, le magicien hollandais Jacco Gardner publie un nouveau petit chef d'œuvre baroque et psychédélique chez les américains de Trouble In Mind, preuve de sa réputation grandissante.
En face A, "Where Will You Go ?" propose un voyage aérien, tout en groove et en légèreté, qui exhume un son de mellotron qu'on n'avait plus entendu depuis des années et évoque les œuvres lysergiques de groupes britanniques des années 60 tels que The End (il y a du "Cardboard Watch" dans ce "Where Will You Go ?").
La face B "Summer's Game" est encore meilleure, avec ses arpèges de guitare acoustique, ses scintillements de clavecin en arrière-plan et ses mélodie contemplative. Le Pink Floyd de "Julia Dream" n'est pas loin. On tient avec Gardner un musicien extrêmement doué, à la patte sonore qui rend le meilleur des hommages au rock psychédélique des années soixante. C'est extrêmement bien fait, ça sonne frais malgré les références multiples. L'album prévu pour début 2013 s'annonce palpitant.
Au moment où les Libertines apportent un renouveau à une scène rock’n’roll britannique qui en avait le plus grand besoin, et après quelques signes annonciateurs des troubles à venir pour son groupe, Pete Doherty fait sensation en chantant ce morceau de Wolfman – présenté alors par la presse comme un ami de Doherty, et qui a disparu aussi vite qu’il était apparu. Les Libertines n’ont alors sorti que leur premier album, et sont le groupe le plus excitant et inspiré qui existe outre-manche : leur créativité semble intarissable (les Babyshambles Sessions, bootleg immense des Libertines, font le bonheur des fans du groupe), et l’enthousiasme dont ils sont l’objet dans la sphère rock’n’roll anglaise est difficile à saisir à présent.
La chanson-titre est une ballade pathétique, conduite par un duo piano/basse irritant et dégoulinante de violons bien au-delà du supportable… Conséquence aussi logique qu’absurde : ce disque obtient plus de succès que tous les singles des Libertines sortis à cette date, terminant à la septième place des charts et faisant de Pete Doherty une icône nationale. Sic transit gloria mundi.
Heureusement, les 45 tours possèdent deux faces : en face B, « Back From The Dead » est un petit miracle de grâce et de beauté, sur lequel Carl Bârat joue de la guitare, comme pour prouver que le destin des Libertines n’était pas encore scellé et qu’il enregistrait toujours avec Doherty (la piste se trouvait déjà sur le premier « disque » des BabyshamblesSessions).
Difficile, aujourd’hui encore, de considérer ce disque avec justesse : il est le témoignage officiel d’un basculement dans la carrière de Doherty, celui qui marque le passage de son statut d’icône underground romantique londonienne à celui de pop-star nationale, dont les frasques s’avèreront parfaites pour gonfler les ventes des tabloïds. Pour les amoureux de musique, les rêveurs et les imbéciles de notre acabit, il reste de la carrière de Doherty quelques très grandes chansons, parmi lesquelles la face B de ce disque figure en bonne place.
Total Control a fait une entrée remarquée en 2012 dans les rayons de nos disquaires préférés. Alors même qu'on se lamentait de l'absence de nouveautés de la part d'Eddie Current Suppression Ring, ce nouveau projet mené par un de ses membres (le guitariste Mikey Young) avait fait mieux que combler le vide. Un excellent album et un split-album avec Thee Oh Sees ont scellé la réputation de ce combo post punk qui figure désormais parmi les groupes qu'on suit de près.
Preuve de la réputation grandissante de Total Control, c'est sur Subpop que sort le dernier enregistrement du groupe, nommé "Scene From A Marriage". Le morceau-titre est un morceau dense et sombre, centré autour d'un refrain menaçant scandé tel un mantra ("it keeps on ringing…"). A l'image de la pochette du disque, c'est froid et déshumanisé (on trouve sur le macaron du recto de la pochette un texte cryptique : "customer loyalty program and financial penalty on premature cancellation of contractual obligation, tax bonus, a lasing relationship"), oppressant même. La face B, un pur morceau d'electro clinique qui sample le morceau de la face A, accentue cette sensation. Total Control prend une direction qui s'annonce intéressante.
Arthur Pym & The Gordons- Arthur Pym & The Gordons (Close Up 2012)
Confirmant leur réputation de défricheurs de talents, les parisiens de Close Up viennent de sortir avec ce 45 tours d'Arthur Pym & The Gordons un des premiers singles qui nous a le plus enthousiasmé de mémoire récente.
Avec son nom tiré du célèbre roman d'Edgar Allan Poe (Les Aventures d'Arthur Gordon Pym) et sa pochette provoc, ce quatuor bordelais intrigue, tout comme les deux excellents morceaux qu'il envoie ici, deux étrangetés garage-rock où la distorsion lo-fi vient enrober des mélodies pop.
Une production volontairement brouillonne donne une couleur psychédélique à ces morceaux excellemment bien écrits, à l'image de "Side Mirror Of My Mind " aux chœurs sixties irrésistibles. La face B "Just A Rapper's Delight" (qui n'a rien à voir avec Sugar Hill Gang) est de facture garage-punk plus braillarde mais fonctionne tout autant grâce à une descente de guitare tournoyante qui lui donne un côté biker-rock. Un groupe à suivre !
On n'a jamais parlé de Kelley Stoltz sur PlanetGong. Grave erreur, qu'on doit essentiellement à notre flemmardise criminelle tant on apprécie ce musicien. Kelley Stoltz est un poète, un artiste en quête de la chanson pop parfaite qui a acquis un statut d'icône dans sa ville de San Francisco en une huitaine d'albums sublimes.
Tim Cohen nous racontait l'an dernier à quel point il admirait ce musicien lorsqu'on l'a interviewé à l'occasion du passage en France des Fresh & Onlys (tiens, voila un autre truc qu'il faudrait qu'on finisse par publier aussi…). Stoltz est le musicien qui l'a poussé à écrire des chansons. Un artiste influent qui publie aujourd'hui pour le compte de l'excellent label Steak un single dédié à deux filles sorties de son imaginaire.
Nous ne débattrons pas ici qui de "Caroline" ou "Marcy" est la plus belle. Elles possèdent chacune une grâce qui leur est propre. Savourons juste le fait que ce génie contemporain nous gratifie de ces deux mélodies superbes, l'une doucement glammeuse ("Caroline"), l'autre acoustique et mélancolique ("Marcy"). Un des singles de l'année.
The Dalai Lama Rama Fa Fa Fa- The Dalai Lama Rama Fa Fa Fa (Close Up 2012)
Avec son nom valise qui évoque la vision étrange d'un Rob Tyner vétu en krishna et cette pochette extra-terrestre, ce groupe parisien sait attirer l'attention. The Dalai Lama Rama Fa Fa Fa font partie de ces jeunes gens embrigadés par ces étranges sectes prêchant le pouvoir cosmique de la musique. Se réclamant de prophètes tels que Pete Kember, Anton Newcombe et Bobby Hecksher, le quatuor propose ici une messe psychédélique en deux actes.
Des deux cantiques interprétés, "You Make Me Crazy" hypnotise de par son groove tournoyant et son apparente sérénité. Un titre psychédélique planant qu'on préfère à sa face B nommée "Sun" qui sonne plus à un face B d'Oasis chantée par Noël qu'au trip space-rock attendu - notez que cette description n'est pas péjorative dans notre bouche. Voici un disque qui annonce de belles choses (certainement un nouvel âge réminiscent).
People's Temple 
Thee Oh Sees / The Mallard
Psychic Ills / Moon Duo
Wolfman & Pete Doherty 
Arthur Pym & The Gordons
