25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 23:44

bowie.jpgDavid Bowie -
Hunky Dory
(RCA 1971)

 

 

Hunky Dory est peut être le disque le plus important de l’exceptionnelle discographie de David Bowie. Troisième album officiel de l’artiste - sous ce patronyme en tous cas - celui-ci marque la première collaboration entre le chanteur et Mick Ronson, guitariste surdoué originaire de Hull. Entièrement arrangé par ce dernier, Hunky Dory bénéficie aussi de la présence d’excellents musiciens comme le futur Yes Rick Wakeman et ceux qui deviendront l’année suivante les Spiders Of Mars (Trevor Bolder à la basse et Woody Woodmansey aux futs), le monstrueux groupe de scène de l’alter-ego de Bowie, Ziggy Stardust.

 

En 1971, David Bowie possède encore les cheveux longs et ne se trimballe pas en costume de transsexuel de l’espace, mais il détient déjà avec Hunky Dory la formule gagnante, celle qui le fera passer à la postérité. Peu importe s'il n’atteindra pas la reconnaissance immédiate et la célébrité avec cet album, il en aura déjà semé les graines… Difficile de parler de cet album sans verser dans le lyrisme ou l'éloge aveuglé : les chansons ici sont toutes magnifiques et possèdent un cachet unique. De l’intro de saxophone de "Changes" à la descente sépulcrale de "The Bewlay Brothers" on se laisse porter par un courant de mélodies plus belles les unes que les autres. Au cœur de cette collection, "Life On Mars", sorte de "Space Oddity n°2" – une ballade mélancolique portée par un piano doux, un violoncelle menaçant et des violons virevoltants qui s’achève avec des percussions tribales en forme de clin d’œil à "Ainsi parlait Zarathoustra" de Strauss (et par exension 2001, Odyssée De L’Espace de Kubrick) – demeure un monument insurpassable… mais que dire de "Kooks" ou de "Quicksand"? La première, dédiée à sa fille Zowie, est une ballade folk à la mélodie immédiate qui touche l'auditeur au plus profond de lui-même. La seconde, sinueuse, glace le sang par ses paroles désespérées et sa tristesse insondable.

 

Bowie dévoile durant Hunky Dory les multiples facettes de son génie, oscillant entre narration tragique (l'autobiographique "Bewlay Brothers"), légèreté music-hall ("Fill Your Heart", le genre de truc qui ne peut qu'être écrit par un anglais), ballade au piano (la magique "Oh, You Pretty Thing") avec une aisance désarmante. Au sein de cet album au romantisme exacerbé, on surprend même David Bowie se livrer à d'étonnantes confessions. "Song For Bob Dylan" et "Andy Warhol", deux odes sincères à ses idoles sont touchantes de naïveté. Leur texte prête aujourd'hui à sourire mais leurs mélodies persistent. Elles témoignent surtout de l'absence de voile de David Bowie à cette époque. Hunky Dory montre son auteur sans fard, plus sincère que jamais. Dès l'album suivant, il se crééra un alter ego pour mieux se préserver, et n'aura cesse de se réinventer. Plus jamais on ne reverra ce Bowie fragile et délicat.

 

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1 Changes *

2 Oh! You Pretty Things

3 Eight Line Poem

4 Life On Mars? *

5 Kooks *

6 Quicksand *

7 Fill Your Heart

8 Andy Warhol

9 Song For Bob Dylan

10 Queen Bitch

11 The Bewlay Brothers *

 

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Life On Mars"

 

"Oh ! You Pretty Things"

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 14:42

Dans les caveaux du Fuzz
  Seconds couteaux et perles de série B 

 

 

 

 

Les outrageux du glam, épisode 4

Suzy Quatro : "Daytona Demon"


 

Quiconque a déambulé par nos vide-greniers dominicaux, n'aura pas manqué les piles de 45 tours écornés d'une certaine Suzi Quatro, compressés entre un Clayderman et un Anarchic System. Vestiges maculés d'un éphémère succès.

 

Souvent, les gens de goût n'apprécient pas Suzi Quatro plus que ça. Il est permis de s'interroger.

 

Il est vrai: sa vilaine voix de tête a vite fait d'irriter, surtout quand elle braille plus que de raison sur des refrains colossaux. Ses ouvrages alignent les tics de l'époque (normal, c'est signé Chinn-Chapman) : production sans finesse, vocaux métallisés comme d'une mégère s'époumonnant casquée d'un aquarium en fer-blanc, grosses guitares et format hymnique pour taper dans les mains... C'est de l'artillerie lourde, taillée pour passer la rampe et cartonner en stade. De là cette impressionnante quinzaine de tubes, datés et caricaturaux. Demi-icône kitsch, elle n'est plus citée par les encyclopédistes que pour son influence de fille de poigne sur les riot girls à venir, sur Joan Jett surtout. Les puristes préfèrent (on ne saurait leur en vouloir) son garage girl band de jeunesse à Detroit, les Pleasure Seekers, et l'infernal « What a way to die ». Voilà tout. Sans parler de son destin de has been précoce, vouée aux circuits classic rock pour camionneuse usée.

 

« Daytona Demon » pourrait nous aider à débarbouiller les clichés. « Can The Can » ferait aussi bien l'affaire, ou surtout « 48 Crash », son meilleur titre ? Mais « Daytona Demon » bouscule d'entrée l'auditeur par un cri terrible suivi de halètements confus, annonce de festivités tigrées. Il y a du volcanique là-dedans. Diablement sexy, les coups de caisse claire ultra-agressive et le tapis de perles funky au piano électrique forment un parfait écrin syncopé pour la performance pressée et touchante de la sincère Suzy. Il faut voir cette freluquette aux joues roses, bardée de cuir des pieds à la tête, pagayer avec une basse plus grande qu'elle et criailler de tout son petit coeur un hard rock primaire et joyeux, pendant que turbine sous ses ordres un gang de malabars dociles et patibulaires.

 

Par ailleurs, est-elle glam? Elle, elle ne voulait pas en entendre parler. Son gros boogie américain protestait hautement n'entretenir aucun rapport avec ces tripotées d'extra-terrestres anglais zebrés, sexuellement louches. Les rockeurs durs de durs qu'elle recrutait pour l'accompagner auraient flanqué la frousse à Manowar. Conception philosophique certes simpliste, mais cadrant à merveille avec la perspective adoptée dans nos pages: en matière de glam, de quoi parlons-nous d'autre que d'un rock'n'roll grossier pour mômes en-dessous de cinq ans, affublé de paillettes horripilantes, produits commerciaux honteux qui prennent rétrospectivement une saveur imprévue. Loin de toute prétention artistique, les tubes de Suzi Q. illustrent toute une époque de plaisirs innocents et régressifs dont nous avons aujourd'hui gros appétit.

 

 

 

« Daytona Demon »


 
« Can The Can », inévitable, historique (beaucoup de cuir) :

 
Le très titanesque « 48 Crash »:

 

 

 

 

À écouter :

 

suzi-quatro-lp-cover.jpgSuzi Quatro se collectionne en format 45 tours. (Vérifer les dates. Ne pas trop s'aventurer au-delà de 1975.) Les toqués de notre acabit, les peu impartiaux, retiendront ses deux premiers lp, mnémotechniquement peu complexes: « Suzi Quatro » et « Quatro ». Ils y trouveront entre des reprises de standards balloches mais plaisantes (« I Wanna Be your Man », «All Shook Up») et des funk-rock distendus, mid-tempos parfois poussifs car très marqués seventies (« Skin Tight Skin », « Official Suburbian Superman »), leur ration de bons morceaux.


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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 13:15

Dans les caveaux du Fuzz
  Seconds couteaux et perles de série B 

 

 

 

 

Les outrageux du glam, épisode 3

 The Sweet : "Ballroom Blitz"

 

"Rebels Rule: la Chanson glam?" (B.du Fuzz, Caveaux – Outrageux du glam n°1)

Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire comme bêtises parfois. Chacun sait que le glam se résume en quatre minutes: "Ballroom Blitz".

 

On s'en doute, la vie quotidienne du glammeux n'est pas une sinécure. Sa dégaine chamarrée, parfois ingrate, et son goût vestimentaire à tout le moins peu consensuel prête au quolibet, sinon à l'agressivité chagrine. Imagine-t-on Alice Cooper acheter une baguette chez le boulanger? Slade au pressing? C'est ainsi que les très visuels The Sweet se sont fait recevoir à coups de bouteilles dans la gueule, un soir de concert en 1973 ; trop de paillettes et maquillage au goût de l'assistance?

 

Qu'à cela ne tienne, les enfants prodiges du bubble-glam chapeautés par le tandem de producteurs marionnettistes Chapman et Chinn, feront leur miel de cette avanie et en tireront une de ces mirifiques formules magiques en forme de 45 tours qui depuis quelques années leur valaient succès sur succès ("Hellraiser", "Blockbuster",...).

 

On avancera l'hypothèse vraisemblable que "Ballroom Blitz" a modifié l'histoire de l'humanité. Combien de gosses ont changé de vie, entendant un beau matin sur les ondes ces roulements de tambour impatients, ces éclats jaillis de guitares rutilo-pétillantes, ce dialogue de voix suaves et survoltées, et la montée inégalée vers un refrain affolant à s'en casser la tête contre les murs d'excitation frustrative: cette décharge d'adrénaline pure?

 

Les séquelles s'en sont senti dans toute l'Angleterre des quinze années suivantes au moins, pour le meilleur et – sans regret – pour le pire: de The Clash (selon un aveu de Joe Strummer) à Judas Priest (vérifiez avec le LP hard pompier Sweet Fanny Adams). Qui dit mieux?

 

 

"Ballroom Blitz"


 

Reprise pétillante où The Sweet déploie tout son talent pour la surboum: "Peppermint Twist"


 

En complément, étonnante prestation d'un The Sweet hurlant métal lourd en diable (cette basse!), et de la plus convaincante façon: "Turn It Down"


 

 

 

 

À écouter :


 Le délectable de The Sweet, c'est la floppée de 45 tours sous l'obédience donc de ces Nicky Chinn et Mike Chapman que nous aurons l'occasion de recroiser: "Hellraiser", "Blockbuster", "Wig-Wam Bam", "Teenage Rampage", "The Six Teens"... Toujours à peu près la même chansonnette, même refrain pompier, même rythme militaire à taper dans les mains en secouant ses couettes, du bubblegum incroyablement jovial et lustré à grosses guitares. Et leur talent pour rejouer les tables de la loi juvéniles American Graffiti: "Rebel Rouser", "Peppermint Twist"! À partir de 1975, le groupe secoue la tutelle de ses producteurs, et vole de ses propres ailes vers les contrées du hard et du heavy, qui feront peut-être moins l'unanimité, même si les preux du mauvais goût y trouveront de quoi pâturer. Jamais leurs albums n'ont marqué le score de leurs singles, mais le groupe, malgré séparations, décès, scissions et recompositions emberlificotées, tourne encore aujourd'hui.

 

 

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 11:49

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Klaus Nomi   -  

Klaus Nomi

(RCA ; 1981)

 

 

Né en Allemagne et installé à New-York au début des années 1970, Klaus Nomi était un artiste exceptionnel qui a laissé une trace indélébile dans la musique populaire de la fin du XXe siècle, malgré une carrière très courte et une mort précoce (il fut un des premiers, parmi les célébrités, à être victimes du sida). La carrière de Klaus Nomi va prendre un tour décisif après sa rencontre avec Kristian Hoffman, qui va écrire quelques-unes des chansons les plus célèbres du répertoire de Nomi (sur ce premier album, il signe « The Nomi Song » et « Total Eclipse »). Hoffman est aussi celui qui va s’occuper de la direction musicale, et qui forme le groupe qui accompagne Nomi. L’exubérant costume de scène qui est rapidement devenu sa marque de fabrique a été calqué sur celui que portait David Bowie lors d’un de ses passages à Saturday Night Live en 1979 (il existe notamment de cette soirée une vidéo assez célèbre où Klaus Nomi intervient comme choriste dans la chanson « The Man Who Sold The World»). Le style inoubliable de Klaus Nomi est un mélange entre compositions originales aux sonorités cold-wave, interprétations de morceaux de musique classique (notamment ceux de Camille Saint-Saëns, un de ses compositeurs fétiches) et transfiguration de standards de la musique pop américaine (sur ce disque, « Lightnin’ Strikes » de Lou Christie et « The Twist », signée Hank Ballard et popularisée par Chubby Checker).

 

L’album débute par une chanson lente, « Keys of Life », qui place l’auditeur dans un univers étrange, froid et inquiétant, et en présence d’un interprète atypique. Le second morceau, « Lightning Strikes » est une des chansons caractéristiques du « style Klaus Nomi » : une rythmique synthétique aux sonorités très froides, un son de basse très en avant et des synthétiseurs pour meubler le fond sonore. Nomi chante sur un ton assez bas pour les couplets, et incroyablement haut sur les refrains, tout en laissant apprécier un accent germanique assez fort. « The Twist » laisse la part belle à divers effets de production (carillon, écho, chœurs et rire malsain) ; l’ensemble laisse une impression de désordre musical qui s’organise tant bien que mal autour de la ligne de basse qui assure la cohésion de la chanson. « Nomi  Song » porte la démesure à un point jubilatoire : après une boucle de claviers, c’est une nouvelle fois la basse qui tient le morceau à flot avant l’arrivée d’un déluge sonique ; Nomi s’affirme définitivement comme un chanteur unique jusqu’à l’apothéose de la fin de chanson. Après une telle chanson, qu’attendre de « You Don’t Own Me », plus new-wave que jamais ? Que les défenseurs d’un hypothétique bon goût ne viennent pas s’aventurer à critiquer le jeu de guitare et son solo : la musique enregistrée par Klaus Nomi transcende les critères habituels et fait souvent de l’outrance une étape obligée, et ceux qui n’acceptent pas les principes tranchés qui gouvernent cet album ne pourront jamais apprécier la beauté froide et douloureuse de cette chanson.

 

La face B de l’album s’ouvre sur une interprétation de « The Cold Song », un des morceaux les plus célèbres du compositeur anglais Henry Purcell, qui permet à Nomi d’exprimer un aspect de son talent dans un registre classique. « Wasting my time » retrouve avec bonheur les territoires déjà explorés par la face A ; la voix irréelle de Nomi venant s’opposer à une rythmique amplifiée et livrer des paroles qui prennent rétrospectivement un sens tristement prémonitoire (« I’m singing this song though I won’t stay for long »). L’influence de David Bowie sur Klaus Nomi, que nous avons déjà évoquée, apparaît une nouvelle fois de façon évidente, et cet album est en ce sens un témoin de son époque : les sonorités funk sont comme glacées, transformées par le prisme cold-wave ; « Total Eclipse » semble ainsi une continuation de « Wasting my time ». Dans ce contexte, « Nomi Chant » fait office d’interlude inquiétant avant le bouquet final que constitue « Samson and Delilah (Aria) », morceau de Camille Saint-Saëns à l’orchestration plus classique et aux dernières secondes surprenantes.  

 

Ce disque reste aujourd’hui comme un des grands premiers albums de la musique pop-rock ; la production réalisée par Ron Johnsen assure une cohérence à cet ensemble qui aurait pu être par trop hétéroclite, et permet à Klaus Nomi de figurer en bonne place parmi les interprètes les plus singuliers qui soient.

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

 

1. Keys of life

2. Lightning Strikes *

3. The Twist

4. Nomi Song *

5. You don’t own me *

6. The Cold Song *

7. Wasting my time

8. Total Eclipse *

9. Nomi Chant

10. Samson and Delilah (Aria)

 

 

 

Vidéos :

 

"The Cold Song"


 

"The Nomi Song"


 

 

 

 

 

 

 

Vinyle :

 

Klaus Nomi

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 18:02

lou.jpgLou Reed 
Lou Reed
(RCA/Victor ; 1972)

 

 

    Enregistré à Londres et produit par Richard Robinson et Lou Reed lui-même, ce disque aujourd’hui laissé de côté mérite d’être écouté et considéré à sa juste valeur. Il est évident que son ignoble dessin en couverture à la symbolique subtile (« Here comes the ocean ») n’a pas fait beaucoup pour appâter le chaland depuis une quarantaine d’années. Si, par une heureuse coïncidence, vous n’avez aucun jugement pictural préconçu et que vous ne soyez pas sujet à des crises d’épilepsie, vous pouvez contempler quelques minutes la pochette susmentionnée et vous laisser aller à la rêverie qui ne manquera pas de vous transporter vers un ailleurs probablement féérique (ou pas). Si vous avez les yeux sensibles, balancez la pochette aussi loin que possible et posez le disque sur votre platine afin de vous occuper de ce qui est vraiment intéressant : la musique elle-même.

 

    Lorsqu’elle n’est pas occultée par les thuriféraires du Velvet Underground, la carrière solo de Lou Reed est le plus souvent considérée par le biais de deux prismes. Le premier ne s’intéresse qu’aux disques les plus connus : Transformer, New York, Metal Machine Music, éventuellement Rock’n’Roll Animal pour les décomplexés du solo de guitare. Le second suit aveuglément les délires du Maître qui explique à chaque nouvelle sortie avoir composé ses meilleures chansons et enregistré son meilleur album… Que vous apparteniez à l’une des catégories précédentes ou non, il est quasiment certain que vous connaîtrez un nombre important des chansons de ce premier album ; en effet, huit des dix pistes de ce disque ont été publiées (après la sortie du disque) sur différents disques du Velvet Underground (à titre d’exemple, cinq de ces morceaux apparaissent – dans d’autres versions – sur l’exceptionnelle réédition « Fully Loaded » que Rhino Records a consacrée à l’album Loaded).

 

Le timbre caractéristique et la scansion blasée de Reed sont deux composantes importantes de ses chansons ; il faut cependant remarquer que Lou Reed apparaît sur ce disque plus concerné que sur bien d’autres de ses chansons : « Lisa says », construite en trois étapes, montre un chanteur très appliqué. C’est encore le cas sur « Berlin », une chanson conduite par le piano et qui bénéficie d’arrangements surprenants en fin de piste. « Wild Child » est une longue chanson sur laquelle Lou Reed livre une des histoires qui occupaient son esprit ; le groupe qui l’accompagne s’y montre très précis, sans être très imaginatif ou renversant : la facture du morceau est somme toute assez classique, mais convient parfaitement à la chanson. Ailleurs, la chanson « I can’t stand it » se voit dotée de chœurs peu convaincants et de quelques solos de guitare longuets – typiques de certains errements de leur époque, et qui ont malheureusement fait école. Les mêmes lourdeurs réapparaissent ici ou là dans ce disque, pour quelques secondes seulement heureusement (par exemple sur « Ocean » et « Going down »). Quels que soient les artifices de production utilisés sur de disque, la classe et l’inspiration de Lou Reed sont évidentes d’un bout à l’autre de l’album. « Walk it and take it » et « Ride into the Sun » restent des morceaux mineurs au regard de ce que Lou Reed a écrit de meilleur, mais n’ont rien de honteux et se révèlent en fin de compte assez attachantes. 

 

    Entre étrangetés, redécouvertes et surprises, que retenir de ce Lou Reed, et où le situer dans la carrière du plus célèbre des chanteurs de rock new-yorkais ? Le bilan est somme toute assez simple : aucune mauvaise chanson, quelques grands morceaux et de belles curiosités… Ce disque est un excellent album et une démonstration supplémentaire de l’exceptionnel talent de Lou Reed.

 

 

 

 

 

Liste des chansons :

 

  1. I can’t stand it
  2. Going down
  3. Walk and talk it
  4. Lisa says *
  5. Berlin
  6. I love you *
  7. Wild child *
  8. Love makes you feel
  9. Ride into the Sun (Reed/Cale/Morrison/Tucker)
  10. Ocean *

 

 

 

 

 

Vidéo :

 

"Ocean"


 
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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 10:07

Dans les caveaux du Fuzz
  Seconds couteaux et perles de série B 

 

 

Jesse Hector & The Gorillas

 

 

Les outrageux du glam, épisode 2

Jesse Hector & The Gorillas : "She's My Gal"



Rockab’ anglais à la veille des Beatles, mod-freak en 66, costume glammeux avant tout le monde, féru de Troggs et Kinks au milieu des pachydermes symphonistes et autres pompiers hippies, artilleur pub et punk dès 74, puis revivaliste du garage puriste à l’époque funeste des Smashing Pumpkins : il y a des gens, assez rares, qui ont tout juste.

 

S’il est bien un héros oublié du rock’n’roll, c’est Jesse Hector. Nécessairement, personne ne parle jamais de lui. Depuis son rock’n’roll trio et les psych-mod The Clique (cf. Rubble), il a pourtant joué dans une ribambelle de groupes (en général nommés à partir des substantifs « gorilla » ou « crash »).

 

Par-delà ses multiples incarnations, le trajet de Jesse Hector, excellent et chaleureux chanteur, est marqué par une profonde et admirable cohérence : nous parlons non pas son intimidante paire de favoris roux, mais bien de son culte du rock’n’roll le plus basique qui soit, musique pour taper du pied et gigoter comme un abruti fini dans les rades miteux. Nulle fioriture, mais riffs nerveux et incandescence sonique, mais guitares tendues et goût impeccable fondamentalement mod et plus largement soul, rock’n’roll, rythm & blues.

 

Alors on s’étonnera peut-être de le voir rangé ici au rayon glam : qu’est-ce que ce routier buriné et exigeant a à voir avec tous les crétins à paillettes qui font notre délectation ? C’est qu’en dehors de ses fantaisies costumières, bien aussi terrorisantes que celles de Slade et The Sweet, Jesse Hector a pavé la route à toute cette génération, en rappelant l’essentiel : la brute simplicité du riff. Car telle est notre thèse : l’essence du glam est d’associer à une théâtralité exubérante, le primitivisme rock’n’roll le plus crasseux. (Prétexte bancal, certes, mais l’important est de causer de bons morcifs méconnus, alors enchaînons gaiement.)

 

gorillas-message-to-the-worldm.jpg

En 69, avec le power trio de néanderthaliens high energy Crushed Butler, Jesse Hector a fait peur à tout le monde, et en premier lieu à son label. Le groupe donne des concerts brillants, évolue et change trente-six fois de noms, mais a le temps de marquer par son allure les futurs glammeux, puis devient les Hammersmith Gorillas, assénant en 1974 une fort massive reprise de « You Really Got Me », prélude magistral au grand retour aux fondamentaux opéré par la génération pub-punk. Passage remarqué au fameux festival de Mont-de-Marsan en 76. C’est sous le nom réduit de Gorillas que le premier vrai album sort, avec sa pochette incroyable, enfin ! en 1978 – ce qu’on ne qualifiera pas de performance carriériste.

 

 

Écouter le clinquant « She’s My Gal » convaincra n’importe qui de cette évidence – mille fois plus intéressant que les absurdes vieilles rocks stars de masse, les Jagger et Bowie, produits de synthèse techno-marchands dénués de sens depuis longtemps, Jesse Hector, toujours actif dans les années 90, incarne à merveille la dignité pérenne de ces soldats inconnus qui jouent le seul et unique rock’n’roll, celui de Hank Williams, de Cochran et des Cramps.

 

« God bless everybody. How will I ever forget: Elvis Presley, Eddie Cochran, Buddy Hollly, Brian Jones, Marc Bolan, Jimi Hendrix. » (Jesse Hector, “Message To The World”, 1978.)

 

 

 

 

 

 

The Gorillas: « She’s My Girl »


 

 

« Gatecrasher », toujours les Gorillas


   


Plus tôt,  Crushed Butler, “Love Is All Around Me”:


 

 

Début nineties, fringant et intact avec The Sound, « I Need Lovin’ »:


 

 

 

 

 


   

A écouter:

 

gorillas.jpgEncore mieux que l’album recommandable des Gorillas, la compile Gorilla Garage donne un large aperçu chronologique des multiples ouvrages du glorieux porteur de favoris. Paru en 2005 chez RPM, c’est dire si le son est rutilant.

 

 

 

 

 

 

 



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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 10:17

Dans les caveaux du Fuzz
  Seconds couteaux et perles de série B 

 

 

 

 

Les outrageux du glam, épisode 1

Iron Virgin : "Rebels Rule"


Ils portaient des ceintures de chasteté sur leur photo promo, braillaient des chorus lyriques troupiers à la Queen et faisaient passer The Sweet pour des intellos frigides : et si Iron Virgin étaient de purs génies ? Et leur « Rebels Rule », le plus grand hymne rock’n’roll ? (Il est permis de rêver.)

 

Outranciers parmi les outranciers glamouzeurs de l’époque, en 1974, et ce n’est pas peu dire : la surproduction clinquante, la rythmique régressive et unanimiste à la Gary Glitter, les costumes qui rendent aveugles (sur scène, ils auraient même enfilé des casques de football américain), le refrain gimmick en forme de pièce montée à la chantilly électrique – tout y est.

 

Et pourtant, ce parfait tube à la fois martial et discoïdo-libertaire recèle une urgence adolescente quasi punk, une évidence dans le grotesque flamboyant, qui en fait un monument de succulente ineptie hédoniste.

 

Injustice du destin ! Aucun écho (sinon un emprunt pour un jingle publicitaire) malgré le soutien d’un label à juste titre convaincu de l’opportunisme de ces zigotos écossais sublimes de mauvais goût, entre Abba et Kim Fowley. « Rebels Rule » : la chanson glam ?

 

 

 

 

« Rebels Rule »


 

 

 

 

 

 


   

A écouter:

 

C’est pourtant clair ? Iron Virgin est le groupe d’un seul titre. Les tarés psychorigides et autres maniaco-dépressifs de bonne compagnie noteront avec profit et ravissement qu’il existerait en tout trois singles (dont une version du « Jet » de Paul McCartney, ça alors).

 

 

 

 

 

 

 



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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 14:03

The Clean – AnthologyThe Clean
Anthology

(Flying Nun 2003)

 

 

L'excellent documentaire New Garage Explosion publié début 2011 par Vice sur la renversante scène garage-rock contemporaine n'a pas eu pour seul mérite de mettre en avant des groupes appréciés ici tels que Ty Segall ou Strange Boys, il a aussi réveillé l'intérêt autour d'un groupe néo-zélandais méconnu des années 80, The Clean. Le reportage était en effet assez étonnant : à la question des influences majeures, nombreux furent les artistes à citer The Clean, au point que cette unanimité en devint presque grotesque. Comment un groupe dont on n'avait à peine entendu parler pouvait il être autant vénéré par ces groupes provenant d'horizons divers ? Et que valaient vraiment ces énigmatiques The Clean ?


Une seule réponse à cela : écouter leurs disques. Ça parait facile à dire comme ça, mais cela se complique lorsqu'on regarde de près la biographie du groupe. Formé autour de deux frères – David et Hamish Kilgour – et d'un bassiste (Robert Scott), The Clean a débuté sa carrière en 1978 mais n'a publié son premier véritable album studio qu'en 1990. Comme tout groupe lo-fi désargenté qui se respecte, sa discographie est du genre bordélique. Même s'ils ont tous été publiés sur le même label (Flying Nun, créé par le disquaire Roger Shepherd pour le groupe, et devenu depuis une institution), singles, EPs et compilations s'enchaînent de façon désordonnée, et seule une anthologie sortie en double CD en 2003 rend honneur à l'œuvre de The Clean avec une certaine cohérence.


L'avantage de ce double-album, c'est qu'il contient l'intégralité du premier single et des deux premiers EPs, qu'il présente dans l'ordre chronologique, et on constate rapidement que dès son premier enregistrement The Clean avait un talent hors du commun. "Tally Ho", comptine lo-fi au clavier omniprésent navigue entre Television Personalities et Modern Lovers avec une évidence effarante. Honte aux Strokes d'avoir plagié ce morceau sans vergogne en 2005 en le renommant "Hawaii"! L'original de The Clean figure parmi les grandes réussites de cet album. Le premier CD de cette compilation est d'une variété incroyable, et chaque morceau semble contenir le concept intégral d'un groupe . Tout The Soft Pack se trouve dans "Platypus" et "Billy Two". Ceux qui ont apprécié "Exit Music" des Hunches retrouveront le même désespoir dans "Sad Eyed Lady", les amateurs d'Eddy Current Suppression Ring se délecteront de "Point That Thing Somewhere Else" et "Fish", les fans de "Let''s Wrestle" se retrouveront dans "Slug Song". Et quel intérêt d'écouter Pavement si on a "Getting Older" sur sa platine ?

 

Le deuxième disque de cette compilation, même s'il possède de nombreux bons morceaux est moins essentiel à l'écoute. La raison en est simple : si le premier disque regroupe des enregistrements introuvables réalisés durant la première période du groupe (1978-1982),  le second rassemble des titres postérieurs à sa réunion en 1990. De fait, quasiment tous les morceaux sont déjà disponibles sur les albums tardifs de The Clean, et sont globalement moins enthousiasmants. On se réjouit néanmoins d'y trouver l'excellent titre velvetien "Trapped In Amber", par ailleurs introuvable. Le son du groupe à cette période est plus propre, plus policé, plus marqué 90s (Pavement encore n'est vraiment pas loin), mais les frères Kilgour y démontrent que leur réunion n'avait rien d'un revival sans avenir. Tirés de Vehicle (1990), "Big Cat", "Drawing To A Hole", "The Blue", "Diamond Shine" dévoilent un groupe sûr de sa force, à l'enrobage proche des Modern Lovers. Les morceaux tirés de l'album suivant Linger Longer (1994) et Unknown Country (1996) sont généralement plus calmes et moins passionnants. Quelques pépites s'y nichent néanmoins, tel ce "Franz Kafka At The Zoo" contemplatif ou la cotonneuse "Indigo Blue", mais l'excitation des débuts est bien loin.


Ce qu'il ressort de cette compilation, c'est que The Clean avaient tout compris dès 1978. Si leurs premiers morceaux sont aujourd'hui les tables de la loi des artistes lo-fi actuels, c'est qu'ils contiennent assez d'idées pour que chacun y puise son inspiration. Une bible inépuisable, un plaisir toujours renouvelé. Les racines du lo-fi – ce genre qui n'en est pas un – sont floues, assez difficiles à identifier tant il est bien souvent compliqué de percevoir si l'auteur d'un album sous-produit l'a fait volontairement ou par manque de moyens. Nombreux sont les albums sixties qui sonnent inachevés et en tirent aujourd'hui un certain charme, souvent involontaire. La seule chose qu'on peut affirmer, c'est qu'entre les cris brouillons des premiers punks et les apôtres actuels du do it yourself, The Clean font figure de chaînon manquant. Leurs enregistrements mériteraient de figurer au panthéon du rock'n'roll aux côtés des grandes créations des Television Personalities, autres génies du DIY trop souvent oubliés.

 

 

 

 

Tracklisting :

 

CD 1

1. Tally Ho *

2. Platypus

3. Billy Two *

4. Thumbs Off *

5. Anything Could Happen

6. Sad Eyed Lady *

7. Point That Thing Somewhere Else

8. Fish *

9. Flowers

10. Side On

11. Slug Song

12. Beatnik *

13. End Of My Dream

14. On Again/ Off Again

15. At The Bottom

16. Getting Older

17. Scrap Music

18. Whatever I Do Is Right

19. Two Fat Sisters (live)

20. Odditty

21. Quickstep (live)

22. At The Bottom (alt version) *

 

CD 2

1. Drawing To A Whole *

2. I Wait Around

3. The Blue

4. Someone

5. Big Soft Punch

6. Diamond Shine

7. Big Cat

8. Outside The Cage

9. Safe In The Rain

10. Secret Place

11. Do Your Thing

12. Linger Longer

13. Too Much Violence

14. Trapped In Amber *

15. Psycadelic Ranger

16. Late Last Night

17. Ludwig

18. Wipe Me I'm Lucky

19. Franz Kafka at the Zoo *

20. Clutch

21. Balkans

22. Indigo Blue *

23. Chumpy

24. Twist Top

 

 

 

 

Vidéos :

 

"Tally Ho"

  

"Anything Could Happen"


 

"Beatnik"


 

"She Goes She Goes"

"Quickstep"

 
"Billy Two" 

 

 

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 11:58

Death - For The Whole World To See

Death -

For The Whole World To See

(Drag City Records 2009)

 

 

Ben Blackwell, batteur des Dirtbombs et historien expert en ce qui concerne l'histoire musicale de la ville de Detroit vous le dira : Death est un des groupes les plus doués qu'ait connu la Motor City, une de ses meilleures adresses, le connoisseur's choice ultime pour les amateurs de rock abrasif.

 

Qui étaient Death ? Trois blacks de Detroit qui ont enflammé la scène locale au début des années 70 avant de disparaître dans l'oubli. Trois frangins, David, Bobby et Dannis Hackney, nourris au R'n'B de Motown et traumatisés par un concert des Stooges. Leurs morceaux, bien que formidables et appréciés par les aficionados en manque de garage-rock nerveux, n'ont jamais eu l'aura de ceux de leurs contemporains. Il faut dire que le groupe s'était sabordé de façon magnifique en 1974 en refusant de changer de nom alors que sa maison de disques – Columbia, rien que ça ! – leur avait demandé. Le groupe était alors en train d'enregistrer son premier album et avait sept morceaux en boîte. Cette embrouille leur valu de se faire virer par le label, non sans avoir eu le temps de presser 500 exemplaires du single "Politicians In My Eyes".

 

Les frères Hackney changèrent de voie après cette désillusion, se tournant vers le gospel (4th Movement) et le reggae (Lambsbread), tandis qu'au sein de la scène garage de Detroit circulaient des rumeurs à propos d'un groupe dément des années 70 dont la seule trace résidait au milieu d'obscures anthologies et compilations garage. Ce furent les Dirtbombs en 2008 qui provoquèrent un début de revival avec une reprise de "Politicians In My Eyes", avant que la diffusion du morceau original dans une fête californienne n'attire la curiosité des fils du chanteur / bassiste Bobby Hackney. A leur grande surprise, leur père leur expliqua que les bandes originales des sessions d'enregistrement de Death n'étaient pas perdues, elles prenaient simplement la poussière dans le grenier. Sept morceaux en tout, qui composent l'intégralité de ce For The World To See publié par le label de Chicago Drag City en 2009.

 

Sept chefs d'œuvre de rock'n'roll nerveux mâtiné de R'n'B qui lorgne du côté des MC5 et de Radio Birdman. Un mélange explosif de groove et de punk, rarement entendu depuis et qui semble avoir grandement influencé Mick Collins et ses Dirtbombs. Sur son site officiel, Death se présente comme un groupe proto-punk. Faux. Ils sont beaucoup plus que cela. Death, en sept morceaux, pose les bases d'un rock'n'roll musclé mais agile qui surpasse ce que les groupes punk de la fin des années 70 ont produit de meilleur.

 

Pour s'en convaincre, une simple écoute de l'album suffit. Les lignes de basse claquent ("Politicians In My Eyes", "Where Do We Go From Here") , les riffs de guitare brisent les reins ("Rock'n'roll Victim"), la guitare solo se révèle virtuose ("Keep On Knocking", "You're A Prisoner"), le chant hurlé évoque Rob Tyner . Les morceaux, superbement écrits, restent en tête longtemps, à l'image de "Freakin Out" qui possède la grâce mélodique des Buzzcocks. Si Death brillent dans un registre rock'n'roll pur que les New York Dolls n'auraient pas renié, le groupe réussit même une excursion dans un registre soul ("Let The World Turn") où son sens de la mélodie fait merveille. Que les choses soient claires : cet album est parfait de A à Z. On y retrouve l'esprit de Detroit, ce sens du rock'n'roll sans compromissions qui fait cruellement défaut aujourd'hui.

 

Depuis la réédition de cet album, Death se sont reformés et jouent sur scène. Le guitariste David Hockney, compositeur des morceaux du groupe, décédé en 2000, est remplacé par Bobbie Duncan de Lambsbread. Les images de ces trois vieux rastas envoyant du rock'n'roll sont assez saisissantes. De plus, les rejetons de Bobby Hackney ont monté un groupe nommé Rough Francis avec lequel ils reprennent – plutôt bien – les morceaux de Death, faisant ainsi perdurer la musique du groupe.

 

 

 

 

 

Tracklisting :

 

1. Keep on Knocking *

2. Rock-N-Roll Victim *

3. Let the World Turn

4. You're a Prisoner *

5. Freakin Out

6. Where Do We Go from Here???

7. Politicians in My Eyes *

 

Death sur MySpace : www.myspace.com/deathprotopunk

 

 

 

 

Vidéo :

 

Un extrait de l'album sur Youtube, "Rock'n'roll Victim"

 

La bande-annonce du documentaire "Where Do We Go From Here ?" dédié au groupe

 

 

 

 

Vinyle :

 

Death - For The Whole World To See

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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 08:52

The Undertones - The UndertonesThe Undertones -
The Undertones

(1979, Sire)

 

The Undertones sont un des groupes les plus injustement méconnus en France. Quand, une fois tous les trois ans en moyenne, on entend parler d'eux, c'est immanquablement pour vanter les qualités de « Teenage Kicks », la chanson popularisée par John Peel. Le groupe a pourtant sorti d'excellents albums (dont celui-ci, mais aussi le second, Hypnotyzed, qui a été publié moins d'un an après The Undertones).

 

Originaires de Derry (Irlande du Nord), le groupe est créé en 1975 par les frères O'Neill : John, le guitariste principal, qui écrit la plupart des morceaux, et Damian (guitare/claviers), qui recrute des collègues de lycée, dont celui qui devient le chanteur du groupe : Feargal Sharkey, à la voix identifiable entre toutes. Influencés par le punk US (principalement par les Ramones et les Stooges), les Undertones ne font pas de la musique avec comme plus grande ambition d'effrayer le bourgeois, mais plutôt celle de jouer de bons morceaux, pour oublier - et faire oublier à leur public - leur quotidien de violence. Le groupe est en réalité aussi punk que pop : cette situation, impensable en France, est une réalité dans les pays anglo-saxons, et les Undertones sont un des meilleurs groupes des années charnières entre les décennies 1970 et 1980.

 

Cet album, sorti quelques mois après le succès de « Teenage Kicks » en single (#31 des charts britanniques), est un disque consistant qui renferme de nombreuses pépites oubliées. Dès le premier morceau, « Family Entertainment », le son du groupe surprend ceux qui s'attendent à un album de punk : la base rythmique, parfaitement maîtrisée, sonne un peu synthétique, et les claviers semblent curieux, avant d'apparaître comme deux évidences, tant les compos sont excellentes. Le groupe avait en effet en la personne de John O'Neill un guitariste à la qualité d'écriture rare, et qui avait fait le choix de l'immédiateté : les chansons enregistrées par les Undertones sont courtes (souvent moins de deux minutes, jamais plus de trois !).

 

Les riffs de guitare sont cinglants (« Here comes the Summer », « Jimmy Jimmy », « True Confessions »), les chœurs sont toujours réjouissants (« Girls don't like it » ; « Wrong way », « Listening in »), et la voix aberrante de Sharkey qui trône au-dessus de l'ensemble : sa diction et son timbre uniques parachèvent les constructions musicales bâties par le groupe. Les dix-huit pistes de ce disque s'enchaînent à merveille : ce premier album des Undertones est enthousiasmant ; un véritable feel-good-album, qui, sous des apparences simples, est devenu un implacable classique. L'album renvoie la plupart de ses concurrents directs à des années-lumière : combien d'autres groupes de l'époque peuvent se targuer d'avoir enregistré autant de bons morceaux que les Undertones ?

 

 

 

 

Liste des chansons :


1. Family Entertainment *
2. Girls Don't Like It *
3. Male Model
4. I Gotta Getta
5. Teenage Kicks *
6. Wrong Way
7. Jump Boys
8. Here Comes the Summer *
9. Get Over You *
10. Billy's Third *
11. Jimmy Jimmy *
12. True Confessions *
13. (She's A) Runaround
14. I Know a Girl
15. Listening In
16. Casbah Rock

 

 

Une paire de vidéos des Undertones pour la route :

"Teenage Kicks"

 

"Here Comes The Summer"

 

"Get Over You"

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